
Conçue pour l’armée, la Classe G Mercedes s’impose aujourd’hui comme totem du succès affiché
Née pour servir les armées iraniennes, la Mercedes Classe G devait rester un utilitaire voué aux casernes et aux missions de terrain… Mais le destin en a décidé autrement. Plus de cinquante ans après avoir vu le jour, elle est indéniablement un symbole de réussite et de luxe, plébiscité par les élites et exporté en masse aux États-Unis. The New Siècle raconte l’itinéraire d’un véhicule qui a troqué l’uniforme contre les vitrines du prestige.
Au commencement, un cahier des charges militaire
Au tournant des années 1970, un projet militaire change le cours de l’histoire automobile. Le shah d’Iran, Mohammad Reza Pahlavi (qui détiendra ensuite 25 % du capital de Daimler-Benz) réclame 20 000 véhicules auprès du groupe Mercedes-Benz pour ses troupes. Il veut du solide, de l’endurant, une machine rustique et sûre, taillée pour durer. Pour mener à bien ce projet, Mercedes s’allie à Steyr-Daimler-Puch, spécialiste autrichien du 4×4… et les plans d’un nouveau modèle prennent rapidement forme. Le nom s’impose naturellement : Geländewagen, littéralement « voiture de terrain » en allemand.
Dès l’origine, le projet dépasse le cadre iranien. L’armée allemande, l’armée autrichienne et leurs alliés se montrent intéressés. Les prototypes sont soumis à des tests en conditions extrêmes : Sahara brûlant, cercle arctique glacé, routes escarpées du mont Schöckl en Autriche… Rien n’est laissé au hasard. Chaque détail est réfléchi en profondeur pour répondre aux besoins militaires, jusque dans la modularité des carrosseries.
Plus tard, la révolution iranienne bouleverse la commande initiale, mais le Geländewagen (ou G-Wagen) trouve vite d’autres preneurs. L’Argentine, l’Allemagne, la Norvège, la Malaisie, le Canada, les Pays-Bas ou encore les États-Unis intègrent le modèle dans leurs flottes. La France en fait un Peugeot P4, la Suisse un Puch G. Trois carrosseries inaugurales circulent dès la fin des années 1970 (cabriolet, break court, break long), auxquelles s’ajoutent des versions tôlées destinées aux pompiers ou aux gardes forestiers. L’héritage militaire est bien là, inscrit dans la vocation première du modèle… mais déjà, l’ombre d’un destin plus large se dessine.
Design inchangé… et surtout intemporel
Dès 1979, Daimler-Benz ose lancer une version civile du Geländewagen produite à Graz en Autriche (en parallèle de ses livraisons militaires). Un paradoxe à l’époque, celui de transformer un utilitaire tout-terrain conçu pour les armées… en objet de loisir. Mais, étonnamment, la greffe prend vite. Le modèle devient en 1980 vitrine mondiale avec la célèbre Papamobile de Jean-Paul II, dérivé de la G-Wagen. Trois ans plus tard, le pilote automobile belge Jacky Ickx l’emmène jusqu’à la victoire du Paris-Dakar.

Dix ans plus tard, avec la série W463, le Geländewagen civilisé prend officiellement le nom de Mercedes Classe G. Daimler-Benz ajoute ABS, cuir, climatisation et boîte automatique, sans jamais toucher à son design cubique, clé de son succès au fil des années. Là où d’autres modèles se réinventent, lui revendique sa constance.
Dynastie des versions spéciales, amplifiée par la scène urbaine
Du G55 AMG au G650 Landaulet, du 6×6 à la série Maybach, les versions extravagantes n’ont cessé de faire écho dans les milieux les plus brillants de la planète. La Classe G s’affiche en show-off assumé de faste. Moteur V12 pour le Landaulet, six roues motrices pour le 6×6, préparations Brabus ou Mansory dignes de bijoux sur quatre roues, dépassant le million d’euros. Chaque version devient une légende urbaine, un objet de désir autant qu’un indicateur de réussite.
Et au tournant des années 2000, la Mercedes Classe G s’impose comme SUV de prestige, choyé dans les capitales. Exclusivité urbaine, gages d’opulence. De Dubaï à Los Angeles, le cube allemand devient symbole de réussite et de luxe, plébiscité par les élites, collectionné par les oligarques, mis en scène dans les clips de rappeurs et sur les réseaux d’influenceurs. Un utilitaire tout-terrain qui s’est métamorphosé en totem de sociabilité, en marqueur de soi, blanc sur noir, bras levé (celle d’un G-Turn électrique dans une ruelle chic ou d’un V12 rugissant dans un palace du désert).
Légende exportée, icône électrifiée
De 1979 à aujourd’hui, la production ne s’est jamais arrêtée. Toujours à Graz, toujours assemblée avec la même obsession. Plus de 600 000 unités sont sorties des chaînes et parmi elles, le marché américain tient une place prépondérante avec plus de 100 000 Classe G écoulées aux États-Unis seulement ces dernières années. Véritable phénomène de mode et symbole de statut outre-Atlantique, le G-Wagen y règne dans les quartiers huppés, défilant autant sur l’asphalte que sur les réseaux sociaux.
Derrière ce succès transatlantique et cette aura statutaire, Mercedes poursuit une autre mue, celle de faire évoluer la Classe G sans jamais trahir son ADN. En 2018, une génération W463 modernisée a fait son apparition… et plus récemment, le modèle VISION EQXX, un G-Wagen électrique à quatre moteurs indépendants, capable de performance off-road et même d’un « tank turn » (rotation à 360°). 579 hp, plus de couple que les V8 AMG, autonomie autour de 240 miles (environ 386 km), recharge rapide, raffinement high-tech… Une alchimie rare et même surprenante, où héritage militaire se marie avec futur durable.

À l’heure où la concurrence aligne ses millions d’unités, la Classe G cultive la rareté. Pour preuve, près de 80 % des exemplaires produits roulent encore, réputés increvables par des aficionados lassés de l’obsolescence programmée. Son ADN militaire, lui, se devine encore dans le claquement sec d’une portière (reconnaissable entre mille). L’histoire se lit en strates sur plus de cinq décennies. Aujourd’hui, la Mercedes Classe G défile sur les grandes avenues tel un SUV de prestige. Un véhicule d’acier né pour la guerre… devenu l’un des derniers totems roulants du luxe mondial.

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