De Balmain aux spiritueux, Olivier Rousteing distille sa vision du luxe
En 2011, Olivier Rousteing est devenu à 24 ans le plus jeune directeur artistique d’une maison française. La mode est pour lui plus qu’une affaire d’élégance, c’est aussi magnifier une forme d’expression. Cette créativité, il l’affiche dans d’autres domaines, y compris là où on ne l’attend pas. Retour sur sa collaboration avec la plateforme Johnnie Walker Vault, à l’origine d’une collection inédite de quatre whiskies d’exception.
Quand la mode s’invite dans l’univers du whisky
À la Paris Fashion Week Printemps-Été 2026, la Balmain Army a une nouvelle fois porté haut les valeurs de diversité et d’acceptation de ses origines. Mais cette saison, Olivier Rousteing s’est également aventuré hors des podiums. Le directeur artistique de Balmain a créé la surprise en associant la maison à l’univers des spiritueux, devenant le premier partenaire culturel de Johnnie Walker Vault, plateforme ultra-luxe liée à la marque écossaise de whiskys.
Après dix-huit mois de travail, Olivier Rousteing et Emma Walker, maître-assembleuse de la maison Johnnie Walker, ont ainsi dévoilé le 18 mai 2025 la collection Couture Expression. Une capsule de quatre assemblages inspirés des saisons de la mode, printemps, été, automne, hiver, et issus d’une sélection de 500 whiskies rares, dont certains provenant de distilleries disparues comme Brora ou Port Dundas. Chacun incarne une émotion : florale, fruitée, introspective ou enveloppante.
L’art du détail, du drapé à la carafe Baccarat
Olivier Rousteing a supervisé l’habillage et le design des bouteilles. Inspiré du modèle carré conçu en 1870 par Alexander Walker, fils du fondateur, il a imaginé des carafes en cristal Baccarat, habillées de teintes métalliques (or, argent, or rose et noir) évoquant le drapé haute couture. Chaque couleur traduit une saison, du printemps lumineux à l’hiver enveloppant. Le bouchon ailé, signature Balmain, parachève cet équilibre entre puissance et douceur, entre couture et whisky. Tirage limité oblige, seules 25 bouteilles par saison ont été mises en vente, pour un prix avoisinant 20 000 dollars l’unité. Johnnie Walker a déjà annoncé une seconde collection, plus large, avec 1 500 flacons proposés à 2 500 dollars chacun.
Le phénomène n’est pas isolé. Ces dernières années, plusieurs figures de la mode et du divertissement ont investi le marché des spiritueux haut de gamme : Kendall Jenner avec sa 818 Tequila, Pharrell Williams avec Moët & Chandon… mais Olivier Rousteing signe ici une collaboration d’un autre registre, pensée comme une œuvre de création à part entière.
Olivier Rousteing, l’enfant prodige de la couture française
Cette incursion dans l’univers du whisky n’a rien d’un hasard. Olivier Rousteing y affirme son goût du risque, son envie d’élargir le territoire de la mode et d’en bousculer les codes. Rebaptiser des mannequins « soldiers of love » (« soldats de l’amour »), c’est l’idée qu’il défend depuis 2014, à la suite d’une discussion avec Rihanna. Le successeur de Christophe Decarnin cultive l’héritage de la maison fondée en 1945, tout en y insufflant une vision moderne, audacieuse et inclusive. Une évidence pour celui qui revient de loin.
Né sous X et abandonné dans un orphelinat, il est adopté à un an par un couple bordelais. Enfant, il dessinait déjà des silhouettes, seul dans sa chambre. D’abord tourné vers le droit international, pour faire plaisir à ses parents, il finit par suivre sa vocation et intègre ESMOD Bordeaux. Un stage en Italie change tout : il rejoint Roberto Cavalli et devient styliste.
En 2009, Balmain s’intéresse à lui. Il y entre comme responsable du studio de création pour les collections femme avant de prendre, deux ans plus tard, la direction artistique. Depuis, il a imposé sa signature et sa vision d’un luxe sans frontière. Collaborations avec Beyoncé, Kim Kardashian ou Rihanna : Olivier Rousteing dépasse le rôle de designer. Il incarne une génération pour qui la mode, la musique ou même un flacon de whisky relèvent d’un même geste créatif.
Quatorze ans après ses débuts chez Balmain, Olivier Rousteing continue de suivre son instinct. La scène, la mode, les collaborations… tout se fond dans un même élan créatif. Peu importe la matière, pourvu qu’elle raconte une émotion. Des podiums à la bouteille, il trace son chemin avec la même énergie, la même audace. Et prouve, une fois encore, que la mode n’a pas de frontière.
Mélanie Domergue
Les + vues
Laisser un commentaire