
Pourquoi de plus en plus d’entrepreneurs préfèrent le modèle Start-up studio ?
L’image de la start-up née dans un garage, portée par un ou deux fondateurs prêts à tout pour convaincre les investisseurs, serait-elle révolue ? Une autre façon d’entreprendre a fait son nid, celle des start-up studios. Ces structures hybrides mêlent capital humain, méthodes industrielles et capital d’amorçage pour produire des entreprises en série. De plus en plus d’entrepreneurs s’y rallient, lassés des jeux de dupes de la levée de fonds ou de l’isolement qu’implique souvent l’entrepreneuriat. En France comme ailleurs, ce nouveau modèle de création d’entreprise prend racine. The New Siècle a exploré cette mécanique qui prend de l’ampleur.
Qu’est-ce qu’un start-up studio, exactement ?
À la différence d’un incubateur ou d’un fonds de capital-risque, un start-up studio ne sélectionne pas des projets extérieurs. Il conçoit les idées en interne (d’où son nom), recrute des fondateurs, les accompagne au quotidien et garde une part significative du capital. L’approche a des airs de production industrielle : un pipeline d’idées, des tests de validation rapides, des équipes mutualisées, et un financement initial intégré. Mais présente des avantages concrets : réduire les risques, lisser les échecs, standardiser les étapes. Là où un fondateur traditionnel passerait des mois à trouver des associés ou convaincre des business angels, un studio fournit tout, ou presque.
Côté modèle économique, ces structures se rémunèrent essentiellement en equity. En échange de leurs ressources, elles détiennent souvent entre 30 % et 60 % des parts de la start-up créée. La logique est assumée et les fondateurs intégrés y trouvent un cadre structurant, les studios misent sur le volume et la récurrence. Plus proche d’un modèle de private equity que d’un incubateur classique, c’est aussi une alternative au capital-risque.
Ce qui séduit chez un start up studio
Pour les entrepreneurs, le gain de temps est sans appel. Plus besoin de passer par une levée de fonds ou de chercher un CTO sur LinkedIn. Lancer une startup sans lever de fonds devient envisageable. Tout est prêt ou presque. Mais au-delà du confort initial, c’est l’accès à une méthodologie éprouvée qui fait la différence.
Les premières semaines sont souvent les plus décisives dans la vie d’un projet tech. Avoir une équipe qui intègre un product manager, un développeur et un marketeur dès le jour 1, change tout.
Si ces ressources séduisent, le modèle attire aussi des profils qui n’oseraient pas se lancer seuls. Ex-consultants, cadres tech ou entrepreneurs échaudés par un échec précédent. Ils y trouvent un filet de sécurité, mais aussi un effet d’entraînement.
Cela dit, la formule a ses limites. Le modèle suppose une forme d’alignement fort entre studio et fondateur. Quand l’idée vient d’en haut, le risque de désengagement n’est jamais loin. Le second point de vigilance porte sur le partage du capital. Pour certains entrepreneurs, céder plus de la moitié dès le départ reste difficile à avaler…
Les studios qui changent la donne
eFounders et la génération Aircall
Quand Thibaud Elzière et Quentin Nickmans lancent eFounders en 2011, personne ne parle encore vraiment de start-up studios. Ils posent pourtant déjà les bases de ce terrain de jeu à travers la conception de SaaS B2B ultra fonctionnels, faits pour être compris et adoptés en un clin d’œil. Aircall, Spendesk, Front… autant de noms passés entre leurs mains, devenus depuis des références.
Ce studio, une marque en soi, revendique une méthode quasi artisanale. Une idée tous les six mois, une équipe resserrée, un accompagnement de fond pendant un an (parfois un peu plus), puis le projet prend son envol. « Nous leur donnons la majorité du capital dès le départ, pour qu’ils soient réellement chez eux. », comme nous expliquait Thibaud Elzière en interview.
Hexa : des SaaS en série
En 2023, eFounders a fait évoluer sa structure en devenant Hexa, une refonte qui pousse plus loin la logique de spécialisation. L’ex-eFounders s’est morcelé en une galaxie de studios spécialisés, chacun centré sur un domaine bien défini. Fintech, IA, outils de collaboration… « Ce dont je suis le plus fier aujourd’hui, c’est d’avoir cofondé une cinquantaine de startups, toutes avec le même modèle d’origine, et pourtant chacune est unique, avec sa propre culture, son propre style, souvent à l’image singulière de ses fondateurs. », nous confiait Thibaud Elzière.
Depuis sa création, le studio a donné naissance à plus de 40 entreprises. Au total, les startups sorties d’Hexa pèsent aujourd’hui plus de 4,5 milliards de dollars de valorisation cumulée et ont généré près de 2 800 emplois. Et si une fois lancées, les start-ups quittent le studio, elles restent dans son orbite, gardant un lien stratégique. De son côté, Hexa muscle son modèle avec de nouveaux fonds, des partenariats ciblés et surtout, des rachats tactiques dans des SaaS prometteurs. L’ambition est assumée, devenir le méta-studio européen de référence sans sacrifier la singularité de chaque projet.
Nobody Studios : un modèle à l’américaine
Nobody Studios se situe de l’autre côté de l’Atlantique, en Californie. Elle revendique une ambition à grande échelle : créer cent entreprises en cinq ans. Son modèle pousse à l’extrême la logique d’agilité et de transparence. Les projets y naissent lors de sprints collaboratifs. Les idées sont notées, discutées, testées en public. Les équipes se forment à la volée, au gré des besoins.
Ce modèle startup studio fait le pari de la communauté : chaque contributeur peut devenir actionnaire, chaque talent est invité à entrer dans la boucle. La structure a levé ses premiers fonds en equity crowdfunding, renversant les codes classiques du venture capital. Un exemple parmi d’autres d’une approche radicalement décentralisée du lancement de start-ups.
Une alternative qui s’installe
Face aux promesses parfois creuses de l’incubation et aux exigences brutales des VC, le modèle start up studio s’impose comme une voie médiane. Il attire une nouvelle génération d’entrepreneurs plus lucides sur les risques, plus soucieux de méthode que de storytelling.
Photo de couverture : © Hexa

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