Sophie Adenot, première française pilote d’essai d’hélicoptère et future passagère de l’ISS
La prochaine fois qu’elle regardera la Terre, ce sera depuis la Coupole de la Station Spatiale Internationale (ISS). Sophie Adenot, à l’approche de son premier vol pour la mission Epsilon, est l’incarnation d’un parcours qui n’est pas seulement une success story. C’est avant tout la consécration d’une stricte discipline et d’une précision chirurgicale. En accumulant méthodiquement les expertises, elle a réussi à transformer son rêve d’enfant en une trajectoire d’ingénieure, de pilote d’hélicoptère de sauvetage, puis de pilote d’essai, pour enfin devenir astronaute. Mais qui est vraiment la femme derrière cette trajectoire précise et tendue vers l’espace ? The New Siècle a dressé son portrait.
Grandir les yeux tournés vers le ciel
L’espace a toujours été le fil rouge de sa vie mais jamais traité de manière romancée. Pour la jeune Sophie Adenot, le ciel n’est pas qu’un horizon lointain et abstrait. C’est au contraire un champ de possibles bien concrets. Les premières images marquantes d’astronautes éveillent une fascination qui se mue rapidement en objectif professionnel. Le rêve spatial se construit dans la rigueur, car l’excellence académique demeure la première étape vers l’orbite.
Très logiquement, elle se dirige vers la ville rose. C’est à Toulouse que se trouve l’ISAE-Supaéro, l’école des ingénieurs de l’aéronautique et de l’espace. Elle quitte par la suite les frontières françaises pour se retrouver en terre américaine, au prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT). Ces années forgent une méthode, une discipline scientifique et une curiosité insatiable, loin de l’improvisation. Le premier pas dans l’industrie se fait chez Airbus Helicopters. C’est là qu’elle découvre le cockpit non pas comme un simple poste de pilotage, mais comme un « lieu de vie », un environnement de travail où la maîtrise technique se conjugue à la prise de décision rapide, un premier pas vers l’autonomie en milieu contraint.
De l’hélicoptère de sauvetage aux vols d’essai
Sophie Adenot prend un nouveau chemin en s’engageant auprès de l’Armée de l’air et de l’espace. L’apprentissage du vol sur hélicoptère la plonge dans le concret des missions opérationnelles. Les missions de recherche et sauvetage (SAR) la confrontent au risque, à l’engagement physique et moral, et à la responsabilité des vies qu’elle sauve.
Sa maîtrise est telle qu’après ces missions cruciales, elle change d’affectation. Elle se retrouve au service de transport de hautes personnalités. Elle doit alors suivre un protocole extrêmement strict et se montrer rigoureuse chaque seconde. Cette première évolution en précède une autre, un véritable tournant dans sa carrière. En effet, ce tournant technique survient lorsqu’elle décide de devenir pilote d’essai. Elle rejoint l’EPNER (École du Personnel Navigant d’Essais et de Réception) puis la DGA (Direction Générale de l’Armement). Sans le savoir, Sophie Adenot marque l’Histoire. En décrochant sa qualification, elle devient la première femme française pilote d’essai d’hélicoptères. Sa volonté n’est pas de se distinguer par tous les moyens. Elle veut montrer sa compétence technique et être objectivement reconnue pour cela en se frayant son chemin dans un environnement masculin.
Devenir astronaute européenne
Pour Sophie Adenot, l’étape vers le corps des astronautes de l’Agence Spatiale Européenne (ESA) est la suite logique de cette quête de l’expertise. Ce n’est pas un changement de cap, mais une montée en puissance. Sa candidature est le fruit d’une mûre réflexion. Les étapes de la sélection sont impitoyables. Les candidats doivent se soumettre à des tests techniques, physiques et psychologiques extrêmes. Son profil et son expérience lui confèrent un avantage qu’elle sait parfaitement utiliser.
Mais ses expériences ne suffisent pas. Sa formation au Centre des astronautes européens le prouve. Elle doit acquérir de nouvelles compétences en robotique et en systèmes orbitaux, notamment. Elle change d’échelle avec succès. Aujourd’hui, elle incarne une vision claire du rôle de l’astronaute, elle est un scientifique en orbite, une médiatrice entre l’espace et le public et l’ambassadrice de l’Europe spatiale. Elle met l’accent sur l’importance de la transmission, en particulier pour inspirer la jeunesse, et spécifiquement les jeunes femmes, vers les sciences et la technologie.
Mission Epsilon et le nouveau récit spatial français
La mission Epsilon, qui devrait durer entre six et huit mois, place Sophie Adenot au cœur des enjeux scientifiques de l’ISS. Son rôle est déterminant pour le CNES (Centre National d’Études Spatiales) et les laboratoires français. Une aventure qui arrive à un moment clé où les programmes spatiaux connaissent une phase d’accélération et de diversification. Elle sera l’opératrice et la sujette de nombreuses expériences en sciences du vivant, en télé-médecine avancée et dans le test de nouvelles technologies pour la prochaine génération de vols habités. Un champ de recherche qui fait écho aux travaux menés sur Terre par Interstellar Lab, le projet ambitieux de Barbara Belvisi.
Son vol est perçu comme une vitrine pour la recherche française et pour l’Europe, dans un paysage spatial où les acteurs privés comme SpaceX tiennent un rôle de plus en plus important. Sans mettre de côté la performance technique, l’ambition de Sophie Adenot est de faire voyager les jeunes avec elle. Son expérience personnelle, elle souhaite l’inscrire dans un récit collectif.
À peine quelques semaines séparent Sophie Adenot de son décollage vers l’ISS à bord d’une capsule Crew Dragon, qui aura lieu au mois de février 2026. Elle compte les jours, elle qui prépare son vol depuis des années, à force de discipline et de choix techniques qui ne doivent rien au hasard. L’astronaute, grâce à son travail, dépasse le statut déjà hautement symbolique de « deuxième femme française dans l’espace » (et première à bord de l’ISS).
Surtout, elle incarne une nouvelle génération d’astronautes : opérationnelle, extrêmement qualifiée et profondément tournée vers la transmission. Son parcours, où chaque compétence a nourri la suivante, témoigne d’une évolution du rôle de l’astronaute, désormais aussi scientifique que médiateur. Son impact, après son retour, sera potentiellement profond, non seulement sur la trajectoire de la recherche française, mais aussi sur la manière dont les jeunes générations percevront l’ambition spatiale de l’Europe.
Pierre Lacoste
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