Un salaire modeste pour une fortune colossale

Sam Altman est un milliardaire avec un salaire d’ingénieur. Et cela, sans détenir de parts directes dans OpenAI. Le PDG et membre fondateur de l’entreprise d’IA la plus florissante de la planète ne touche qu’un peu plus de 76 000 dollars par an pour ses fonctions, une goutte d’eau si l’on compare à Tim Cook, patron d’Apple, qui a empoché 74,6 millions de dollars en 2024… L’homme d’affaires n’est pourtant pas à plaindre, puisque sa fortune est évaluée à 1,9 milliards de dollars. Lui, qui vit dans une luxueuse maison de Russian Hill, quartier résidentiel de San Francisco, avec vue imprenable sur le Golden Gate. 

Alors, comment a-t-il amassé sa fortune ? Grâce à des investissements précoces et avisés dans des sociétés comme Reddit, Uber, Asana ou Airbnb. Son flair l’a aussi conduit vers des start-ups moins connues, parfois visionnaires, telles que Patreon, plateforme de monétisation, Humane, spécialisée dans les technologies d’IA portables, Helion Energy, qui œuvre dans la fusion nucléaire, ou encore Retro Biosciences, une entreprise de biotechnologies. À cette liste s’ajoute Neuralink, la sulfureuse entreprise d’Elon Musk qui veut pucer le cerveau des êtres humains. Sam Altman y a investi à ses débuts, pour ensuite se tourner vers d’autres paris technologiques…

De Y Combinator à OpenAI

Avant ChatGPT, celui que Peter Thiel (co-fondateur de PayPal) surnomme “le messie de l’IA” a dirigé Y Combinator, l’incubateur phare de la tech américaine, de 2014 à 2019. Il y a développé une connaissance très fine de l’écosystème de la Silicon Valley pour opérer de bons choix d’investissements. Et il continue. Le PDG d’OpenAI a indiqué que ses fonds de capital-risque avaient investi dans des centaines d’entreprises.

Certes, il détenait un temps une participation indirecte, “assez insignifiante”, dans OpenAI, via un fonds de capital-risque associé à Y Combinator et Sequoia. Sam Altman déclarait ainsi en 2024 : “Je possède une infime partie des actions d’un ancien fonds de Y Combinator. J’en avais également via un fonds Sequoia, mais celui-ci s’est avéré plus facile à vendre qu’à conserver. Je dispose donc d’une somme très modeste qui n’a que peu d’importance à mes yeux. Quant à ce que j’aurai ou n’aurai pas à l’avenir, je n’en sais rien. Je n’ai actuellement aucun projet ni aucune promesse d’obtenir quoi que ce soit”.

Un PDG qui sait naviguer en eaux troubles

Un dirigeant qui ne tire pas directement profit de son entreprise, cela est plutôt inhabituel, surtout à l’heure où OpenAI joue un rôle central dans la révolution de l’intelligence artificielle depuis le lancement de ChatGPT en novembre 2022. Son parcours témoigne de cette capacité à s’imposer dans les moments de crise, comme lorsque le conseil d’administration l’a brutalement écarté fin 2023. Altman a réussi en quelques jours à orchestrer son retour, soutenu par ses équipes et par les investisseurs d’OpenAI.

Cette petite parenthèse, de seulement cinq jours, a renforcé son image d’homme indispensable capable de rallier à lui partenaires financiers, chercheurs, gouvernements… et opinion publique. Une position qui, dans un secteur aussi instable que l’IA, vaut parfois bien plus que les milliards accumulés. En 2008, dans son essai A Fundraising Survival Guide, son mentor Paul Graham, figure de la Silicon Valley, dressait ce portrait de lui : “Vous pourriez le parachuter sur une île remplie de cannibales et revenir cinq ans plus tard, il serait le roi.”

Si sa fortune ne rivalise pas avec celles de Jeff Bezos ou d’Elon Musk, Sam Altman est devenu l’une des voix les plus écoutées de la tech. Entre investissements précurseurs, pilotage d’une entreprise désormais centrale et prises de position sur l’avenir de l’IA, chacune de ses interventions peut infléchir la trajectoire de la Silicon Valley. Le futur de la technologie passera sans doute par lui, en tout cas la recherche de cette superintelligence artificielle, dont il considère que l’invention “sera le fait le plus important de l’histoire”.

Nom d'auteur Fabrice Mateo
Journaliste spécialisé dans les technologies de l'information et de la communication, Fabrice Mateo a collaboré avec une trentaine de médias, mêlant investigations, enquêtes, interviews et reportages. Photographe et auteur de plusieurs ouvrages sur l'IA et la data, il a publié en septembre 2025 "Le Guide des métiers de l’intelligence artificielle" (L’Étudiant).
bloc pub

Laisser un commentaire

Inscrivez-vous !

INSCRIVEZ-VOUS À
NOTRE NEWSLETTER !

Renseignez votre adresse mail
pour recevoir nos nouveautés
et rester informé de nos actualités.