Des réseaux sociaux à l’intelligence artificielle, la mue d’un géant

Si, lors du changement de nom de Facebook en Meta en octobre 2021, Mark Zuckerberg affirmait : “À l’avenir, nous voulons être vus comme une entreprise du metaverse”, il suffirait aujourd’hui de remplacer metaverse par IA pour résumer la nouvelle orientation du groupe, bien au-delà de ses plateformes phares que sont Facebook, Instagram et WhatsApp.

Si le projet de metaverse a largement déçu, plombé par des investissements colossaux et une adoption quasi nulle du grand public, le groupe s’appuie toujours sur des fondamentaux solides avec ses réseaux sociaux aux milliards d’utilisateurs. Le casque de réalité virtuelle Meta Quest 3 (anciennement Oculus), Workplace, l’outil de communication SaaS de Meta pour les entreprises et même les lunettes connectées Ray-Ban Stories témoignent, eux, d’un groupe qui entend rester à l’apex de l’innovation technologique en (ré)insufflant un esprit startup pour encourager l’initiative et la prise de risque.

La méthode startup au service de la prochaine frontière technologique

Cela passe par la culture d’entreprise, mais aussi par le rachat d’une série de startups comme Scape Technologies, spécialisée dans la vision par ordinateur, en février 2020, Twisted Pixel Games, un studio de jeux vidéo, en octobre 2021, Luxexcel, une entreprise imprimant en 3D des lentilles de contact, en décembre 2022, ou PlayAI, une startup travaillant sur le clonage et la génération de voix, en juillet 2025. Ces achats, qui se comptent par dizaines depuis 2020, insufflent dans la maison mère l’esprit d’innovation que Mark Zuckerberg veut inspirer à Menlo Park.

Le fondateur de Facebook s’engage désormais corps et âme dans l’IA et la quête (très commentée) de la superintelligence. Il en a les moyens, la valeur boursière de Meta tutoie désormais les sommets du Nasdaq, portée par la même vague spéculative que Tesla ou Nvidia, deux acteurs devenus emblématiques de cette nouvelle ère d’intelligence artificielle. Dans le club très restreint des entreprises à la plus forte capitalisation boursière en 2025, Meta s’impose comme un pilier du marché, aux côtés de ses rivaux historiques d’OpenAI, Google ou encore Microsoft. Et le groupe dispose d’une trésorerie estimée à plus de 47 milliards de dollars, en témoigne l’offre inouïe de 250 millions de dollars acceptée par Matt Deitke, 24 ans, un entrepreneur de startup, pour fortifier l’avenir de Meta dans l’IA.

Mark Zuckerberg aligne les milliards pour bâtir son armée de chercheurs

Ce recrutement fait suite à celui de Ruoming Pang en juillet 2025 pour plus de 200 millions de dollars sur plusieurs années selon Bloomberg. Direction le Meta Superintelligence Labs (MLS) pour ces deux stars, même si la constitution d’une dream team de l’IA, notamment en débauchant chez OpenAI – Sam Altman déclarant ne plus compter les propositions folles reçues par les chercheurs de son équipe –  ne va pas sans heurts puisque Wired révélait le 26 août 2025 que plusieurs chercheurs de haut niveau quittaient déjà le navire. 

On observe également un changement de ton chez Mark Zuckerberg. Lui qui se donnait l’image classique et pour le moins inoffensive d’un Nerd de la Silicon Valley bombe désormais le torse à la faveur de la “trumpmania” qui s’empare de tous les barons de la tech américaine. Dans la ligne de mire notamment de l’un des plus jeunes milliardaires de l’histoire se trouvent toutes les tentatives de régulation de l’IA. 

Aux États-Unis, le patron de Meta a lancé un PAC (Political Action Committee), c’est-à-dire un bureau de lobbying pour empêcher les Etats-Unis de trop légiférer sur l’IA et de brider les initiatives. Contre l’Europe et l’AI Act, il use de stratagèmes pour affaiblir le Code de bonnes pratiques. Selon deux ONG spécialisées dans la surveillance du lobbying, Corporate Europe Observatory et Lobby Control, les grandes entreprises technos dont Meta ont bénéficié d’un accès privilégié à des ateliers dédiés à la rédaction de ce Code, vidant ce dernier de sa substance.

Nom d'auteur Fabrice Mateo
Journaliste spécialisé dans les technologies de l'information et de la communication, Fabrice Mateo a collaboré avec une trentaine de médias, mêlant investigations, enquêtes, interviews et reportages. Photographe et auteur de plusieurs ouvrages sur l'IA et la data, il a publié en septembre 2025 "Le Guide des métiers de l’intelligence artificielle" (L’Étudiant).
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