F40, la légende brute de Maranello

À l’occasion des 40 ans de la marque, Ferrari présentait en 1987 la F40, dernière supercar italienne approuvée personnellement par le Commandatore (Enzo Ferrari), un an avant son décès. Il s’agissait alors d’un manifeste né dans une ère de la compétition. Plus que les chiffres (impressionnants, au demeurant, avec son V8 biturbo de 2,9 litres et ses 478 chevaux), c’est sa philosophie qui fait de la voiture une icône encore aujourd’hui, près de 40 ans après sa conception.

ferrari f40 F40

En privilégiant la sensation plus que l’innovation technologique, la F40 est la digne représentante d’une époque où la performance se ressent plus qu’elle ne se chiffre. Oubliez l’ABS ou la direction assistée. La Ferrari propose un capot carbone-Kevlar minimaliste et une carrosserie composite légère. Si elle s’impose aujourd’hui comme une Ferrari GTB légendaire, faisant partie grâce à son image la plus iconique au top des voitures par marque. Elle doit notamment cela à son aileron arrière, toujours aussi spectaculaire, et à sa mince grille de ventilation sur le capot du moteur. Des détails qui n’en sont pas et font d’elle une référence absolue d’un héritage automobile sans filtre et confort superflu.

Ferrari se met à l’épreuve de son propre mythe avec la SC40

Avec la SC40, Ferrari assume la filiation. Cette nouvelle voiture est pensée comme une référence à la F40, qui fêtera bientôt son quarantième anniversaire. Cependant, il ne s’agit pas d’un modèle de série. La SC40 est une One-Off conçue sur mesure, un modèle unique pour un seul client. Elle est basée sur l’architecture de la voiture GTB 296 GTB, ce qui définit immédiatement la tension narrative, un conflit entre deux pôles. La tradition mécanique brute d’un côté, l’hybridation moderne de l’autre.

ferrari f40 design

Pour répondre aux attentes des puristes comme des amateurs de productions modernes, le design se veut futuriste. Son but est de tisser un lien, de mêler l’angularité radicale de la F40 aux exigences aérodynamiques du XXIᵉ siècle. Une mise en tension entre passé et futur qui façonne l’image contemporaine de Ferrari. Les amoureux de la supercar italienne des années 80 retrouveront avec bonheur le long capot avant bas, les portes-à-faux arrière courts, et un aileron fixe proéminent. Du côté des innovations, la Ferrari SC40 arbore des matériaux hybrides de nouvelle génération, et conserve le puissant moteur électrifié V6 biturbo de 830 chevaux de la 296 GTB. 

Ferrari tente l’équilibrisme en mêlant l’avant-garde à l’héritage, en transposant les codes stylistiques de 1987 à travers le prisme du design contemporain. La grille sport arrière ajourée et l’utilisation de fibre de carbone-Kevlar dans l’habitacle sont des clins d’œil directs à la philosophie de légèreté de la F40. Et si ces informations peuvent ravir les fans de la première heure, le système de propulsion hybride en fait déchanter certains. Là où nous pouvons y voir un atout technologique logique dans l’air du temps, d’autres y voient une trahison, une rupture nette avec la pureté du V8 thermique. Une mise en question de l’image mécanique Ferrari, où chaque moteur devient symbole d’une transition plus large.

La SC40 petite sœur de la Ferrari F40, divise les passionnés

Les retours depuis l’annonce officielle de la SC40 sont donc contrastés. Ferrari reçoit de nombreuses louanges pour cette proposition qui semble s’imposer comme un exercice de style habile. La SC40 évoque la F40, mais ne tombe pas pour autant dans le piège du néo-rétro. Pour les défenseurs de la nouvelle voiture, elle s’impose comme une preuve de la capacité de Ferrari à maintenir une image sportive sans oublier une gamme engagée aux impératifs technologiques. En convoquant le passé, la SC40 s’ouvre à l’avenir grâce à sa forme hybride.

Ferrari f40 et Ferrari SC40

Cependant, les nostalgiques de l’ère Enzo Ferrari ne cachent pas leurs réserves. Certains voient la SC40 comme une coquille, un hommage esthétique vidé de sa rage viscérale. Ils regrettent déjà le minimalisme mécanique de l’original. Ils perçoivent la technologie hybride et la base moderne de 296 GTB comme des diluants qui font oublier l’esprit brut et sans assistance de la F40. De quoi transformer l’hommage en simple opération marketing et la nostalgie en outil de vente pour une poignée de privilégiés ultra-riches. Pour eux, une véritable petite sœur aurait dû conserver un moteur purement thermique, quitte à se défaire des impératifs environnementaux et des technologies actuelles. 

Pour Ferrari, l’équilibre tient à un fil. Préserver la légende sans trahir l’esprit brut de la F40 tout comme ce que la Lexus LFA a su le faire avec son ancêtre la Lexus LFR. Et si l’intention séduit, les réactions, elles, se révèlent déjà contrastées… Pour autant, la marque italienne sait comment faire parler d’elle. La SC40 s’impose déjà comme un hommage stylistique et une réinterprétation moderne (son moteur électrifié en est la preuve, quitte à perdre une partie des aficionados). La SC40 ne cherche pas à être la F40 ou même une autre de ses semblables comme la Ferrari F80. Cette nouvelle Ferrari a pour but de conserver le souffle du moteur, mais redéfinit la mise en image de la performance italienne.

Nom d'auteur Pierre Lacoste
Pierre Lacoste est rédacteur depuis sept ans. Son parcours l’a conduit à explorer les grands mouvements qui traversent nos sociétés, en abordant des thématiques variées telles que l’actualité, les faits de société, les médias ou encore les cultures du divertissement. Son regard aiguisé sur les mutations technologiques et culturelles l’amène à questionner leur influence sur nos modes de vie et nos représentations collectives. Curieux, exigeant, et formé aux Arts, il insuffle à ses écrits une sensibilité singulière, où l’analyse se conjugue à une véritable dimension créative.
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