La stratégie de croissance porte ses fruits

Le 26 juin 2025 est à marquer d’une pierre blanche chez Spendesk, la plateforme de gestion des dépenses et des achats des entreprises. La startup SaaS devenue scale-up annonce ce jour-là être rentable après avoir enregistré un trimestre de résultats positifs. Une rentabilité atteinte plus tôt que prévu, fruit d’une hausse continue de l’ARR, qui devrait dépasser 60 millions d’euros d’ici la fin de l’année, et d’une réduction des coûts opérée via l’automatisation et l’intégration accrue de l’intelligence artificielle.

L’entreprise était déjà valorisée au-delà du milliard de dollars depuis janvier 2022 et comptait parmi les licornes françaises (officiellement la 26ème) après plusieurs levées de fonds – notamment 200 millions d’euros investis par des fonds d’investissement en six mois, entre 2021 et 2022, en deux tours de table –  auprès d’investisseurs prestigieux comme Eight Roads, Index Ventures ou General Atlantic. Que de chemin parcouru depuis sa levée d’amorçage de 2 millions d’euros en 2017.

C’est aussi le signe que la stratégie de croissance porte ses premiers fruits. Elle s’est concrétisée dès avril 2024 avec une première acquisition, celle de la startup Okko, spécialisée dans la gestion des achats et qui, tout comme Spendesk, est également issue du startup studio Hexa. Okko avait développé un logiciel SaaS doté d’une plateforme collaborative pour les demandes d’achats et les relations fournisseurs. L’entreprise a depuis renforcé son offre produit avec des innovations dévoilées à l’été 2025 : paiements internationaux dans plus de 30 devises, cartes virtuelles multi-usages, intégration Google Pay et nouveaux contrôles intelligents pour sécuriser les dépenses.

Nominations à des postes clés et ouvertures de bureaux à l’étranger

Depuis, Spendesk joue dans la cour des grands, poursuivant une phase d’internationalisation qui permettra de mesurer sa solidité. Cela passe par plusieurs nominations à des postes clés. Le 17 juillet 2025, Pauline Babel, ex-VP Finance du groupe Aviv (MeilleursAgents, SeLoger…), a été nommée directrice financière “pour stimuler la croissance rentable et l’innovation”, selon le communiqué de presse. En mai, Laetitia Ismail avait pris le poste de Chief Compliance Officer, et en février Alfonso Marone avait été nommé président du conseil d’administration. Le management a également évolué avec le passage de témoin opéré début 2025 : Axel Demazy a pris les rênes opérationnelles en tant que CEO, succédant au cofondateur Rodolphe Ardant, désormais concentré sur une mission stratégique.

Cette stratégie se traduit aussi par l’ouverture de bureaux à Berlin, Hambourg, Londres et San Francisco. Désormais, 30 % de la clientèle provient d’Allemagne et 20 % du Royaume-Uni. La licorne revendique plus de 200 000 utilisateurs et gère environ 20 milliards d’euros de transactions par an. Une dynamique internationale qui lui a valu d’être distinguée en juillet 2025 parmi les World’s Top Fintech Companies par CNBC et, un mois plus tard, d’être reconnue Leader dans le rapport IDC MarketScape sur les applications “Travel & Expense” intégrant l’IA.

Concurrencer les géants du secteur

Face à Spendesk se dressent des poids lourds américains comme Coupa ou Concur. Pour se donner les moyens de rivaliser, la société a conclu en 2024 un partenariat avec Adyen, plateforme globale de technologie financière. Stéphane Dehaies, CEO de Spendesk Financial Services, confiait alors à L’Usine Digitale : “Nous recherchions un partenaire BaaS (Banking as a Service) disposant d’une licence bancaire au Royaume-Uni, capable de nous accompagner avec une plateforme unique pour la gestion des paiements, mais aussi sur des dimensions d’innovation et de sécurité. Nous voulions aussi garder la main sur l’expérience client avec un partenaire qui comprenne notre business model.” 

En mars dernier, Spendesk s’est allié à Wise pour permettre aux entreprises de régler leurs dépenses dans une trentaine de devises. Au printemps 2025, c’est avec Marqeta que la licorne française a franchi une nouvelle étape, en intégrant ses services d’émission de cartes pour renforcer sa maîtrise technologique et accélérer le déploiement international.

Nominations, nouveaux bureaux, nouveaux marchés, nouveaux partenariats accompagnent la stratégie de croissance fondée désormais sur l’expansion internationale de la licorne française. Mais Spendesk ne compte pas qu’économiquement, elle n’est pas qu’une entreprise de service numérique agile et gonflée à l’IA qui facilité la transformation digitale qui poursuit ses rêves de conquête du marché mondial, elle est aussi un enjeu de souveraineté pour la France et pour l’Europe dans le domaine du SaaS. Pour que cette success story à la française reste au sommet de la vague, il lui faudra sans doute conjuguer habilement l’économie… et la politique.

Nom d'auteur Fabrice Mateo
Journaliste spécialisé dans les technologies de l'information et de la communication, Fabrice Mateo a collaboré avec une trentaine de médias, mêlant investigations, enquêtes, interviews et reportages. Photographe et auteur de plusieurs ouvrages sur l'IA et la data, il a publié en septembre 2025 "Le Guide des métiers de l’intelligence artificielle" (L’Étudiant).
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