
Wheere, la start-up deeptech qui s’attaque aux zones blanches du GPS
Avez-vous déjà lancé la navigation sur votre smartphone et, d’un coup, perdu le signal, le point bleu volatilisé ? Ce vide numérique, Wheere en a fait son terrain de jeu. La jeune pousse française fondée en 2021 s’attaque aux zones blanches GPS, ces espaces où le signal satellitaire perd toute pertinence. Elle a développé une technologie de géolocalisation ultra-précise (à précision inférieure à 1 mètre) qui fonctionne partout, même sous terre, même derrière des murs d’acier. The New Siècle vous raconte comment cette pépite de l’Hexagone veut réécrire les règles d’un marché mondial.
Une technologie qui traverse le béton
La deeptech Wheere a choisi une autre voie que celle des satellites. Son système repose sur des antennes basse fréquence au sol, capables de traverser le béton, l’acier, la terre et même les matériaux les plus denses. Là où le GNSS (Système mondial de navigation par satellite) exige une ligne de vue avec l’espace, Wheere a bâti un réseau indépendant. Quatre antennes suffisent à couvrir un seul kilomètre carré. Un maillage réduit à l’essentiel, là où la géolocalisation classique déploie des infrastructures colossales.
Le secret réside dans l’algorithme breveté. Les ingénieurs ont trouvé le moyen d’éliminer le « multi-trajet », ce parasite créé par les échos d’ondes dans des environnements clos. À la clé, une localisation d’une précision inédite, au mètre près, capable de situer en temps réel un secouriste ou un robot dans un parking souterrain. Un réglage presque invisible… mais suffisant pour transformer les zones blanches du GPS en terrain couvert.
Une start-up née avec un flair certain
Le projet a vu le jour à Montpellier sous l’impulsion de ses deux fondateurs : Pierre-Arnaud Coquelin et Antoine Carrabin. Ils sont partis du constat que la mobilité ne peut se résumer aux espaces ouverts. Alors, dès le départ, ils ont imaginé une technologie capable de fonctionner là où tout autre système s’effondre.
Et leur intuition était bonne, car le pari a rapidement trouvé des soutiens. En 2023, Wheere a bouclé une levée de fonds de 11 M€. Autour de la table, Bpifrance, le réseau d’investisseurs Blast.Club, Sofilaro, filiale du groupe Crédit Agricole, mais aussi des business angels déjà familiers de l’écosystème tech français, comme Arnaud Frey, fondateur et CEO du groupe Extia ou encore Adrien Montfort, cofondateur et CTO de Sorare. Une injection de capital qui a tout changé, puisque l’équipe a pu passer de la recherche pure à l’industrialisation… de la preuve de concept au produit prêt à équiper des sites entiers.
Les JO de Paris comme rampe de lancement
Le vrai test (celui qui vaut validation grandeur nature) s’est joué à Paris. Sélectionnée pour les Jeux olympiques de Paris 2024, Wheere a déployé sa technologie sur plusieurs sites « sensibles ». Le principal bénéficiaire était la Brigade des Sapeurs-Pompiers de Paris chargée de la sécurité et du secours. Dans des stades bondés ou sous des gradins, la capacité à localiser un pompier au mètre près n’a rien d’un luxe… c’est même une exigence vitale. Chaque seconde gagnée peut sauver une vie. Pour Wheere, c’était la chance d’inscrire son nom dans un récit plus vaste. Celui d’un événement planétaire sécurisé par une innovation française.
Applications industrielles et ambitions planétaires
La deeptech Wheere regarde déjà plus loin que les JO. Et le marché est vaste. Dans l’industrie 4.0, ses antennes orchestrent les flux logistiques tout en protégeant les salariés. Sur les chantiers, elles suivent les équipements, dessinent des cartes souterraines que les architectes exploitent ensuite. Dans la défense, elles guident des unités au milieu des flammes ou dans des zones brouillées par le chaos des interférences.
Chaque secteur y gagne : rapidité, fiabilité, réduction des coûts… Surtout, une couverture au kilomètre carré obtenue avec une poignée d’antennes séduit par sa simplicité. À terme, Wheere aimerait miniaturiser ses capteurs pour les intégrer directement dans des objets du quotidien. La montre connectée d’un pompier par exemple, le casque d’un ouvrier ou encore, le tracker d’un enfant dans un centre commercial.
Les défis d’une adoption massive
Le constat est implacable. Mais une rupture technologique ne suffit pas, encore faut-il l’imposer comme standard. Wheere va devoir convaincre décideurs, industriels, utilisateurs et pouvoirs publics d’adopter son système. Les normes de compatibilité, la standardisation des protocoles… tout reste à écrire. Autre enjeu non sans importance, la miniaturisation. Si les antennes sont déjà peu nombreuses, le défi est d’alléger encore les capteurs sans compromettre la précision inférieure à 1 mètre.
À l’horizon 2030, la start-up prévoit de lancer sa propre constellation de satellites en orbite basse, un programme baptisé LEO PNT. Elle souhaite offrir une couverture mondiale indépendante pensée pour compléter ses antennes terrestres et s’inviter à la table des géants du positionnement. GPS américain, Galileo européen, GLONASS russe, BeiDou chinois… la comparaison s’impose d’elle-même. Si ce projet spatial se concrétise, Wheere ne serait plus seulement une deeptech prometteuse. Elle entrerait dans le cercle restreint des acteurs stratégiques de la géo-tech mondiale. Rien que ça.
Wheere avance vite, sur cette ligne fragile où la science croise le marché. La géolocalisation indoor n’est plus une promesse enfermée dans les labos, et la start-up l’a déjà prouvé. Ses antennes basse fréquence, son algorithme breveté, tout cela compose une technologie singulière. Reste l’épreuve décisive de transformer l’essai à l’échelle mondiale. On retiendra surtout qu’une innovation française s’est attaquée aux zones blanches GPS et semble, pour la première fois, capable de les effacer. La suite appartient déjà à l’histoire… et peut-être à Wheere, qui sait ?

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