Le marché évolue à vitesse grand V et, entre enjeux cliniques et contraintes réglementaires strictes, certaines entreprises françaises en e-santé tirent déjà leur épingle du jeu en 2025.

The New Siècle en a sélectionné 7 pour leur capacité à transformer la pratique médicale, leur pertinence technologique et leur intégration au cœur du système. Panorama.

1. Resilience – Suivi des malades du cancer

Fondé à Paris en partenariat avec l’Institut Gustave Roussy, Resilience offre un télésuivi oncologique aux patients atteints de cancer. Une application très complète (contenus textes, vidéos, podcasts, programmes de yoga ou de méditation…) permet aux malades de suivre et comprendre leurs symptômes, de bénéficier d’un accompagnement holistique et psychologique et d’interagir avec les équipes de soins via un dashboard sécurisé.

Obstacles : fidélisation du patient sur la durée, validation scientifique des bénéfices.

Intégration : déploiement en milieu hospitalier, interface avec les logiciels médicaux (Doctolib, etc.), encadrement par le personnel soignant.

Technologies : IA de suivi, traitement de données cliniques, audios / vidéos téléchargeables.

Défis : industrialisation du modèle, sécurité des données, démonstration d’impact thérapeutique.

Fiche d’identité

  • Technologie : IA, e-santé oncologie
  • Stade : croissance rapide et satisfaction patients avérée

2. Synapse Medicine – L’IA pour une prescription plus sûre

Basée à Bordeaux, Synapse Medicine a fait la différence dans les startups santé en s’imposant comme un acteur clé de la sécurisation des prescriptions. Grâce à l’intelligence artificielle, sa plateforme analyse en temps réel les ordonnances et prévient en cas de risques d’incompatibilités entre médicaments ou de surdosages. Elle est déjà adoubée et utilisée par de nombreux CHU (AP-HP) et services d’urgence, et intégrée à des logiciels métiers.

Obstacles : L’interopérabilité avec les systèmes hospitaliers et la nécessité d’un haut niveau de fiabilité clinique.

Intégration :  En collaborant étroitement avec les professionnels pour s’adapter à leurs outils et workflows.

Technologies : NLP (Natural Language Processing), IA contextuelle.

Défis : Harmonisation européenne, élargissement aux usages ambulatoires.

Fiche d’identité

  • Technologie : IA, NLP
  • Stade : scale-up
  • Levée de fonds : +25 M€

3. Tilak Healthcare – Jouer en se soignant

Ludique et cliniquement validée, Tilak Healthcare est une start-up medtech qui mêle habilement design de jeu vidéo et thérapie numérique (DTx). Son jeu “Odysight” est destiné aux patients atteints de troubles ophtalmiques chroniques comme la DMLA. Il permet de détecter à distance et en temps réel, notamment grâce à une grille d’Amsler digitalisée envoyée aux médecins, les signes de dégradation de la vision, tout en améliorant l’adhésion au traitement.  

Obstacle : validation médicale et adoption par les ophtalmologistes.

Intégration : prescrit par des médecins spécialisés, suivi partagé avec les soignants.

Technologies : mobile health, gamification, IA de détection de signaux faibles.

Défis à venir : extension à d’autres pathologies (neurologie, diabète), remboursement.

Fiche d’identité

  • Technologie : jeux thérapeutiques, IA embarquée
  • Stade : commercialisation en cours

4. Nabla – Un secrétaire IA pour les consultations

Avec la start-up française de télémédecine Nabla, l’intelligence artificielle conversationnelle entre dans le cabinet médical et joue le rôle d’un vrai secrétaire. Durant la consultation, l’outil écoute et enregistre les échanges entre médecin et patient, puis transcrit automatiquement le compte-rendu. Un gain de temps pour le soignant qui lui permet de réduire la charge administrative et se recentrer sur l’essentiel : le patient.

Obstacle : adoption par les praticiens, protection des données.

Intégration : compatible avec les principaux logiciels métiers (Doctolib, Hellodoc, etc.)

Technologies : IA générative, NLP.

Défis : élargissement aux spécialités cliniques complexes, validation scientifique.

Fiche d’identité

  • Technologie : IA générative, NLP
  • Stade : early scale-up

5. Lifen – Fluidifier et optimiser le parcours de soins

Acteur essentiel de la French tech santé depuis 10 ans, Lifen développe des solutions qui facilitent l’échange de données de santé entre médecins, hôpitaux et structures libérales. Bien plus qu’une simple messagerie, sa plateforme permet la transmission de documents médicaux dans le respect strict des standards sécuritaires. Son Lifen Datalab ouvre en outre la voie à des projets de recherche multicentriques hébergés sur un cloud certifié.

Obstacle : fragmentation des systèmes d’information.

Intégration : déployée dans plus de 800 établissements.

Technologies : cloud santé, IA de tri, API interopérables.

Défis : devenir une norme technique à l’échelle nationale.

Fiche d’identité

  • Technologie : cloud, interopérabilité, sécurité
  • Stade : forte croissance

6. Healsy – Prédire pour mieux prévenir

Healsy est une start-up de santé digitale dédiée à la prévention du diabète. Elle associe une application mobile dopée à l’intelligence artificielle à des capteurs qui collectent les données du patient. En analysant son métabolisme et son mode de vie, l’algorithme anticipe l’évolution de sa glycémie et propose des recommandations médicales personnalisées pour éviter les pics d’hyperglycémie ou les baisses trop brutales.

Obstacle : obtention du remboursement, acceptation des médecins.

Intégration : en cours d’expérimentation dans plusieurs hôpitaux, conseil scientifique reconnu par les professionnels.

Technologies : IA embarquée, biométrie.

Défis : industrialisation, intégration avec les parcours de soins.

Fiche d’identité

  • Technologie : IA mobile, e-prévention
  • Stade : Levée de fonds de 800K €, en phase pilote

7. KelDoc – Le pendant institutionnel à Doctolib

Créée en 2012 en lien avec plusieurs CHU, KelDoc propose une plateforme simple et claire de prise de rendez-vous médicaux et de gestion de téléconsultations. Contrairement à Doctolib, elle s’adresse principalement aux hôpitaux publics et établissements mutualistes.

Obstacle : monopole de Doctolib, manque de visibilité.

Intégration : utilisée par plusieurs CHU en France.

Technologies : agenda synchronisé, IA de triage, API santé.

Défis : élargissement réseau, pérennité financière.

 Fiche d’identité

  • Technologie : web santé, API sécurisées
  • Stade : post-seed

Conclusion : vers une nouvelle génération d’acteurs stratégiques

Ces sept startups représentent bien la nouvelle vague des entreprises françaises e-santé : des projets solides, validés ou en passe de l’être, à forte composante technologique. De l’IA appliquée à la médecine à la gamification, en passant par l’interopérabilité des systèmes, elles incarnent l’innovation santé digitale en 2025 qui n’est plus seulement une promesse, mais une réalité de plus en plus ancrée.

L’enjeu n’est plus aujourd’hui de financer ou d’expérimenter. Il s’agit bien d’industrialiser ces solutions, de convaincre durablement les soignants et les patients, et de réaffirmer le rôle majeur de ces start-up de santé digitale dans les politiques publiques et l’innovation médicale. Dans ce contexte, la véritable question n’est plus de savoir si l’e-santé s’imposera, mais quand et selon quelles modalités elle deviendra un outil stratégique de souveraineté et d’efficience pour les systèmes de santé.

Nom d'auteur Raphaël Pintart
Raphaël Pintart est rédacteur et journaliste de formation, titulaire d’un diplôme en lettres. Il a débuté sa carrière à la télévision — notamment chez Canal+ et TV5 Monde — avant de prêter sa plume à plusieurs rédactions telles que Le Figaro, L’Obs, Cnet ou 20 Minutes. Curieux des transformations culturelles, sociétales, politiques et technologiques, il cultive une approche éditoriale entre exigence intellectuelle et goût prononcé pour les angles inattendus.
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