Les travaux sont le fruit de 15 ans de recherches en partenariat avec le CEA et le CNRS

Dans la ruée vers le quantique, les paris sur l’avenir sont monnaie courante. Quobly mise, elle, sur le silicium, matériau phare de l’industrie des semi-conducteurs depuis 70 ans, pour élaborer sa puce quantique. Fruit de quinze années de recherche commune entre deux organismes de recherche, le CEA-Leti et le CNRS-Institut Néel, la startup veut construire l’ordinateur universel fondé sur des qubits de silicium.

Les ordinateurs classiques utilisent un système binaire (des uns et des zéros) qui limite le nombre d’opérations pouvant être effectuées dans un temps donné. Les bits quantiques, ou qubits, ne se contentent pas d’en faire plus, plus vite. Leur flexibilité inhérente permet une approche totalement différente des problèmes mathématiques.

Sur son site, Quobly promet monts et merveilles avec sa technologie et notamment trouver des solutions à des problèmes que nous ne nous sommes pas encore posés : “Des recherches récentes, toujours en cours, ont également montré le potentiel des ordinateurs quantiques pour accomplir certaines tâches informatiques classiques de manière plus économe en ressources. Mais les machines quantiques seront également capables de résoudre les inconnues inconnues, c’est-à-dire les nouveaux problèmes que nous n’avons même pas encore identifiés.”

Un calcul quantique évolutif et facile à fabriquer

La science a prouvé que les bits quantiques peuvent encoder des informations. Le défi consiste à mettre en œuvre cette technologie. “Nos qubits de silicium économiques, conférant un calcul quantique évolutif et faciles à fabriquer, permettront d’utiliser l’informatique quantique pour résoudre des problèmes complexes dans les domaines de la médecine, de l’énergie et bien d’autres encore”, avance la startup.

Pourquoi avoir fait le choix du silicium quand d‘autres misent sur la photonique ou les ions piégés ? D’abord, parce que le FD-SOI (silicium sur isolant à appauvrissement total), une technologie à faible consommation d’énergie éprouvée développée par STMicroelectronics, IBM et le CEA depuis 1991, est désormais utilisé pour fabriquer de manière fiable et rentable des puces contenant des milliards de transistors minuscules. “En tirant parti de la technologie FD SOI, nous sommes en mesure de fabriquer des dispositifs intégrant des processeurs CMOS standard et des qubits sur une même puce”, annonce la startup et ajoute : “Le fait de placer les composants électroniques de contrôle juste à côté de nos qubits garantit un contrôle et des performances supérieurs (NDLR : notamment en termes de correction d’erreur). L’élimination des composants électroniques de contrôle externes encombrants rend notre produit évolutif et rentable.” Ainsi, Quobly intègre directement dans ses puces des protocoles de correction.

Quobly espère lever 100 millions d’euros cette année

Mais Quobly ne se contente pas de redéfinir le futur, elle a déjà entamé une phase d’industrialisation en proposant un jumeau numérique aux grands groupes industriels. L’objectif est de leur permettre de modéliser leurs opérations industrielles liées à la technologie quantique. Son atout est de s’appuyer sur l’écosystème des semi-conducteurs existants avec des wafers de 300 mm – c’est-à-dire la même taille de plaquettes que pour les processeurs classiques et qui existent en nombre dans les chaînes de fabrication actuelles – et des puces scalables.

Forte d’un partenariat avec STMicroelectronics qui lui permet notamment de tester ses puces sur des lignes de fabrication actuelles, Quobly intéresse vivement les investisseurs. Elle a annoncé un financement de 21 millions d’euros en mai, composé de 15 millions de subventions de Bpifrance et 6 millions en fonds propres. Sa CEO, Maud Vinet se montre optimiste “pour lever jusqu’à 100 millions d’euros cette année”. L’entreprise a déjà généré 10 millions d’euros de chiffre d’affaires auprès de la commande publique et précisément du programme Proqcima, qui vise à développer en France deux prototypes d’ordinateurs quantiques universels tolérants aux erreurs, chacun doté de 128 qubits, et prêts à passer à l’échelle industrielle. 

En misant sur le silicium, Quobly ne cherche pas à réinventer la roue mais à tirer parti d’un matériau déjà éprouvé par soixante-dix ans d’industrie. Là où d’autres explorent des chemins plus aventureux, la startup parie sur la fiabilité d’un socle maîtrisé, capable d’accélérer le passage du laboratoire à l’usine. Une stratégie de continuité qui pourrait bien faire la différence, car comme on dit, c’est dans les vieux pots que l’on fait la meilleure confiture…

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Nom d'auteur Fabrice Mateo
Journaliste spécialisé dans les technologies de l'information et de la communication, Fabrice Mateo a collaboré avec une trentaine de médias, mêlant investigations, enquêtes, interviews et reportages. Photographe et auteur de plusieurs ouvrages sur l'IA et la data, il a publié en septembre 2025 "Le Guide des métiers de l’intelligence artificielle" (L’Étudiant).
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