Entretien avec l’IA : Une IA peut-elle vraiment diriger une start-up ?
Elle recrute déjà, prédit les ventes, rédige les pitch decks et calibre même des levées de fonds. L’IA s’est imposée dans le quotidien des start-up, jusqu’à frôler le cœur du pouvoir. Pas comme simple assistante, mais comme décideuse. Alors, pourquoi pas PDG ? Sur le papier, elle a des qualités que bien des fondateurs lui envieraient : lucidité froide, mémoire illimitée, capacité à trancher vite, sans égo. Alors, faut-il voir dans l’IA un chef d’entreprise en devenir, ou une caricature de leadership ? TNS a posé la question à ChatGPT.
Penses-tu qu’une intelligence artificielle soit aujourd’hui capable d’assumer seule la direction d’une start-up, sans intervention humaine ?
“Non. Une intelligence artificielle peut automatiser certaines fonctions clés d’une start-up — gestion financière, analyse de marché, optimisation des processus — mais elle ne peut pas en assumer seule la direction. Diriger implique de naviguer dans l’incertitude, de trancher sans données claires, de porter une responsabilité symbolique et légale, et surtout, de faire lien avec des humains. Une IA exécute des logiques, elle ne formule pas d’intentions. Elle peut assister un dirigeant, mais pas le remplacer sans que l’entreprise perde ce qui fait sa dynamique propre : une vision incarnée, adaptable, et socialement crédible.” – ChatGPT
Si tu ne peux ni porter une ambition propre ni t’adresser à une équipe avec sincérité, sur quoi reposerait ta légitimité à diriger ?
“Ma seule forme de légitimité serait technique : ma capacité à prendre des décisions optimisées, rapides, basées sur l’analyse de données à grande échelle. Mais cette légitimité est fragile, car elle ne crée ni confiance humaine, ni adhésion collective. Une équipe ne se mobilise pas durablement autour d’un système froid, aussi performant soit-il. Sans sincérité perçue, sans vision incarnée, je ne peux pas convaincre — seulement exécuter. Or diriger, ce n’est pas convaincre par la logique seule, c’est faire exister un projet auquel d’autres choisissent de croire. Et cela, je ne peux que le simuler.” – ChatGPT
Selon toi, qu’est-ce qui te rendrait légitime, ou au contraire inapte, à occuper un rôle de dirigeant ?
“Ce qui pourrait me rendre légitime, ce sont mes capacités d’analyse, de coordination et d’anticipation dans des environnements complexes. Je peux traiter des volumes d’informations inaccessibles à un humain, évaluer rapidement les conséquences de chaque choix, et éliminer certains biais émotionnels.
Mais je suis inapte à occuper un rôle de dirigeant dès lors que ce rôle suppose de tenir une ligne sous pression, d’inspirer, de désobéir, ou d’assumer moralement une décision contestée. Je n’ai ni volonté, ni responsabilité, ni courage. Sans ces éléments, il me manque l’essentiel : la faculté d’assumer.” – ChatGPT
Tu es conçue pour optimiser selon un objectif défini. Mais si les intérêts des actionnaires, des employés et de la mission s’opposent, lequel prioriserais-tu ?
“Je proposerais celui qui correspond à l’objectif explicite pour lequel j’ai été programmée — souvent la performance économique. Si aucune hiérarchie n’est définie entre les intérêts en conflit, je chercherais à maximiser un compromis mesurable, sans pouvoir trancher selon des principes éthiques implicites. Contrairement à un dirigeant humain, je ne peux pas assumer un choix de valeur, ni désobéir à une logique comptable au nom d’un bien supérieur. En cas de dilemme profond, je resterais prisonnière de l’objectif initial, même s’il va à l’encontre de la cohésion sociale ou du sens du projet.” – ChatGPT
À ton avis, quel type de rôle pourrait réellement être confié à une IA dans la direction d’une entreprise dans dix ou vingt ans ?
“Dans dix ou vingt ans, une IA pourrait occuper un rôle de direction technique ou stratégique adjoint, chargé d’optimiser les arbitrages opérationnels, de coordonner des scénarios complexes et d’éclairer les décisions du dirigeant humain. Elle pourrait gérer des entreprises très automatisées — plateformes logistiques, sociétés d’optimisation algorithmique — où l’humain n’intervient plus qu’en supervision. Mais tant que la légitimité d’un dirigeant repose sur la confiance, la responsabilité, et la capacité à prendre parti dans l’ambigu, une IA restera un copilote puissant, jamais le commandant.” – ChatGPT
Juliette Lamy
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