Un parcours jalonné de choix radicaux

DiCaprio a toujours préféré la vision à la facilité. Après le raz-de-marée Titanic, il aurait pu céder au confort des blockbusters. Il choisit Martin Scorsese, et entame une série de collaborations qui redessinent son image : Gangs of New York, Aviator, Les Infiltrés, Shutter Island. Ce n’est plus le beau gosse de 1997, mais un acteur habité, engagé, prêt à tout pour se réinventer.

Sa société Appian Way produit aussi bien des documentaires engagés que des fictions audacieuses. Il décline les sagas, fuit les capes et les super-pouvoirs. À la place, il accepte des rôles complexes, souvent risqués. Dans Django Unchained, il joue un esclavagiste sadique. Dans Inception, un homme en chute libre mentale. Chez Spielberg, il devient un faussaire insaisissable. Chez Iñárritu, il se laisse défigurer, transi de froid, pour The Revenant. Pas de demi-mesure. DiCaprio agit en acteur-producteur, curateur de sa propre mythologie.

Scorsese, Tarantino, Nolan… Une filmographie sous influence

Il y a des carrières solitaires. Celle de DiCaprio s’est construite autrement, habitée par une galaxie de réalisateurs américains avec qui il forme un cercle d’élite. Martin Scorsese est son double cinématographique depuis plus de vingt ans. Ensemble, ils ont tourné six films, et ont bâti une œuvre parallèle au cinéma industriel. Quentin Tarantino en a fait un méchant d’anthologie dans Django Unchained, puis un acteur dépassé dans Once Upon a Time in Hollywood. Christopher Nolan l’a propulsé dans un labyrinthe cérébral dans Inception. Quant à Steven Spielberg, il l’a révélé autrement dans Arrête-moi si tu peux.

Chaque réalisateur lui offre un miroir, une faille, une facette différente. Loin d’être le jouet des studios, DiCaprio devient une sorte de médium, absorbant les obsessions de ses cinéastes et les rendant digestes face au public. Il incarne une version moderne du grand acteur hollywoodien d’antan, celui qui traverse les genres sans jamais s’abîmer dans la facilité.

Une star mondiale sans saga ni super-héros

Dans une industrie obsédée par les univers étendus et les déclinaisons à l’infini, DiCaprio fait figure d’exception. Aucune saga. Aucun spin-off. Aucun film Marvel ou DC à son actif. Il est sans doute la dernière grande star mondiale à s’être imposée sans franchise. Pourtant, chacun de ses films devient un événement global, entre attente critique et phénomène social.

Avec The Revenant, il obtient enfin l’Oscar en 2016, mais surtout prouve qu’un film intense, rugueux et exigeant peut conquérir le monde. À l’affiche de Don’t Look Up, il transforme une comédie dystopique en alerte climatique planétaire. Chaque apparition est calibrée, chaque performance marque. DiCaprio cultive la rareté, à contre-courant du zapping permanent. Il a compris qu’aujourd’hui, la vraie puissance est la sélection.

Un rôle d’ambassadeur malgré lui

Il pourrait se contenter d’être une icône, mais DiCaprio est aussi devenu une figure politique, discrètement et durablement. Depuis 1998, sa fondation (qui porte son nom) œuvre pour la préservation de l’environnement. Un engagement qui lui a valu d’être nommé Messager de la paix par l’ONU en 2014. Et même dans ses rôles, cette conscience affleure. Dans Don’t Look Up, il incarne le scientifique en panique face au cynisme politique, et dans Killers of the Flower Moon, il explore les plaies du colonialisme intérieur américain.

Il ne prend pas de pose militante à outrance, mais sa filmographie dit quelque chose du monde. Il choisit des projets qui dénoncent et qui interrogent. Surtout, il reste une célébrité culturelle rare, identifiable mais insaisissable. Accessible, mais jamais banal. Hollywood a changé, Netflix est là, les autres plateformes également. Mais DiCaprio, lui, continue de faire du cinéma un geste, loin des algorithmes.

Leonardo DiCaprio est devenu ce que peu de stars hollywoodiennes osent encore être, un acteur de conviction guidé par des réalisateurs d’auteur, fidèle à une certaine idée du cinéma d’auteur hollywoodien. Il ne cherche pas à plaire à tout prix, mais à durer. En refusant les sagas, en acceptant les rôles les plus risqués et en s’engageant avec mesure, il incarne l’héritage cinématographique d’une époque qui ne sera peut-être jamais égalée. Alors oui, DiCaprio est sans doute le dernier grand acteur sans saga. Et c’est peut-être pour ça qu’il est devenu une légende.

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Nom d'auteur Mouchka Sellam
Fine connaisseuse des adresses les plus prestigieuses de Paris, Moucha Sellam explore depuis plus de 10 ans les adresses les palaces, spas ultra luxe, tables étoilées et lieux confidentiels. C’est au service des lecteurs The New Siècle qu’elle partage sa vision exigeante et sincère de l’univers du luxe sensoriel. Toujours à l’avant-garde, elle teste, enquête puis raconte à travers des rédactions immersives.
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