Qu'est-ce que Worldcoin et pourquoi a-t-il été créé ?

Fondé en 2019 par Sam Altman, Alex Blania et Max Novendstern, l’objectif de Worldcoin est tout simplement de créer une identité numérique universelle accessible à tous. Le projet part d’un constat : maintenant que les IA génératives capables d’imiter les humains se démocratisent (les fausses vidéos et deepfake envahissant internet), comment prouver qu’on est bien une personne réelle (et unique) ? La réponse de Worldcoin est donc ce système de vérification qui se base uniquement sur la biométrie, sans révéler d’informations personnelles.

Ce système a été couplé à la distribution d’une crypto gratuite, le WLD. Ainsi, chaque personne qui scanne son iris reçoit en échange des tokens numériques (noms donné aux jetons des crypto monnaies) de WLD, la crypto native de Worldcoin. Une partie des WLD a été spécifiquement réservée pour cette distribution. Mais au fond, cela va plus loin que la simple création d’une monnaie crypto : Worldcoin souhaite construire un grand réseau d’identification décentralisé dans lequel tout le monde disposera d’une identité vérifiée avec ses propres données, sans dépendre d’un État ou d’une entreprise (cette envie d’indépendance est d’ailleurs ce qui motive plusieurs projets crypto).

Avec plusieurs levées de fond, environ 250 millions de dollars ont été levés au total pour Worldcoin (grâce à Andreessen Horowitz, Khosla Ventures…). Depuis son lancement grand public en juillet 2023, plus de 7 millions de personnes ont déjà scanné leur iris pour recevoir leurs tokens WLD, dans 120 pays. Depuis, le cours du token a connu des variations importantes, ce qui prouve l’incertitude qui entoure le projet.

Un fonctionnement inédit basé sur le scan de l’iris

Pour obtenir des WLD il faut passer par l’Orb, une sphère argentée de la taille d’un ballon de basket équipée de caméras infrarouges. Cet appareil est déployé dans des centres ou des pop-up stores ; il détecte les motifs uniques de l’iris pour confirmer que la personne est bien réelle. On peut comparer ça à une sorte d’empreinte digitale oculaire.

Le processus complet prend quelques minutes. Après s’être rendu dans un point de vérification et avoir regardé dans l’Orb, un « World ID » est généré et l’utilisateur reçoit immédiatement un portefeuille numérique contenant ses premiers tokens WLD. Par la suite, des distributions régulières de tokens sont promises aux détenteurs vérifiés, encourageant les membres à rester actifs. Worldcoin devient ainsi un véritable écosystème avec une communauté. Les WLD peuvent être tradés, convertis dans une autre crypto monnaie via des exchange comme Binance, ou stakés.

Cette méthode diffère grandement des autres crypto-monnaies, qui ont besoin d’être minées. Mais la sécurité des données reste un point sensible : l’entreprise affirme que les données biométriques restent chiffrées (en générant un identifiant unique appelé hash après le scan) et que personne, pas même Worldcoin, ne peut remonter à l’identité réelle d’un utilisateur. Mais la façon dont c’est fait est parfois contestée…

Worldcoin face aux autres crypto : révolution ou dérive ?

Si l’on compare avec le Bitcoin ou l’Ethereum, l’approche de Worldcoin n’a rien à voir. Pour prouver sa valeur, le Bitcoin mise sur la rareté programmée (car il ne pourra jamais y avoir plus de 21 millions de Bitcoin, et il devient de plus en plus dur d’en miner). L’Ethereum, lui, mise sur les smarts contracts et l’innovation. En face, Worldcoin parie sur l’universalité biométrique. Si plusieurs projets travaillent déjà sur une ID décentralisée, comme Civic, BrightID, ou le Self-Sovereign Identity (SSI) sur des blockchains comme Polygon, Worldcoin est le seul à proposer le scan physique. 

Ainsi, Worldcoin a plusieurs avantages : en s’assurant de la véritable identité des personnes lors de votes en ligne, il permet de réduire drastiquement les fraudes et les comptes multiples qui sont fréquents lors des airdrops ou les votes DAO. Mais la technologie du projet de Worldcoin pourrait aller encore plus loin, par exemple en filtrant les bots sur les réseaux sociaux.

Mais les limites sont nombreuses. Veut-on vraiment confier son iris à une entreprise privée dirigée par l’un des hommes les plus influents de la tech ? Quels sont les risques de sécurité liés à l’identité et aux données ? Ainsi, la confiance dans un système centralisé de collecte biométrique reste fragile. Plusieurs pays, dont la France, l’Espagne et le Kenya, sont allés jusqu’à suspendre ou bannir l’utilisation du Worldcoin sous couvert de possibles violations du RGPD et des lois sur la protection de la vie privée. Derrière ses promesses et ses zones d’ombre, Worldcoin incarne pourtant un projet qui dépasse la cryptomonnaie, celle d’un monde où identité et technologie ne font plus qu’un. À ce titre, Worldcoin fait partie des entreprises du futur, celles qui dessinent déjà les contours d’une nouvelle ère numérique.

Nom d'auteur Justine Ferrari
Justine Ferrari est une journaliste spécialisée dans la finance et la tech. Diplômée depuis sept ans, elle rédige des news, dossiers et publireportages sur les thèmes de la cryptomonnaie, blockchain, mais aussi sur la macro et la politique en lien avec les investissements. Elle conçoit chaque sujet comme une aventure, creuser, décortiquer et partager fait partie de son ADN. Son objectif ? Rendre accessibles les thèmes les plus complexes et inspirer les lecteurs de The New Siècle à comprendre les innovations et stratégies qui façonnent notre quotidien financier.
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