Station F peut-elle vraiment incarner la Silicon Valley française ?
Le plus grand campus de start-up du monde est parisien. Depuis son inauguration en 2017, la Station F attire chaque année des milliers d’entrepreneurs venus tester leurs idées. Pensée comme un accélérateur d’innovation, elle abrite plus d’un millier de jeunes pousses, une trentaine de programmes partenaires et des investisseurs de premier plan. Mais peut-elle vraiment incarner la Silicon Valley française ? Peut-on comparer son écosystème à celui, tentaculaire, de la tech californienne ? The New Siècle fait le point.
Le cœur battant de l’innovation française
Dans l’ancienne halle Freyssinet du XIIIe arrondissement de Paris se dresse depuis plus de 8 ans le plus grand campus de startups au monde, la Station F. Ce projet d’envergure offre des infrastructures pensées au mieux pour les entrepreneurs et leurs startups. Près de 8 000 d’entre elles ont déposé leurs valises un jour ou l’autre dans un des bureaux situés parmi les 34 000 mètres carrés qui composent les lieux sur le parvis Alan Turing. Avec un millier de startups présentes à l’heure actuelle, ce hub d’innovation constitue le principal écosystème tech de la French Tech.
Certes, la France compte aujourd’hui une trentaine de licornes, mais aucune n’a encore imposé son modèle à l’échelle mondiale. De quoi relativiser l’idée d’une Silicon Valley à la française. Le pays manque encore de véritables champions technologiques capables de s’imposer au niveau global. Pourtant, à l’échelle nationale, les succès et les trajectoires passées au sein du campus parisien forcent le respect.
Avec un investissement de 250 millions d’euros financés à 100 % par le milliardaire Xavier Niel, plus de 3 000 postes de travail sont répartis dans 1 034 startups dont 40 % fondées par des femmes, près de 200 startups sélectionnées dans le cadre du Founders Program et 13 admises via le Fighters Program, réservé aux entrepreneurs issus de la diversité et qui peuvent utiliser gratuitement cinq bureaux.
Un carrefour d’investisseurs et de partenaires mondiaux
La Station F, c’est aussi 30 programmes partenaires (Facebook, Microsoft, LVMH, Ubisoft…) et une quarantaine de fonds d’investissements présents sur le site, ainsi que des incubateurs académiques comme HEC et l’EDHEC. Le résultat des courses est qu’après avoir levé un milliard d’euros au cours de chacune des trois dernières années, la cuvée 2025 a déjà atteint les 800 millions d’euros levés.
Dans le classement des incubateurs français à l’origine des plus belles success stories, la Station F figure en tête, portée par ses levées record et son attractivité pour les investisseurs étrangers. Au premier semestre, une vingtaine d’entreprises ont bouclé des tours de table supérieurs à dix millions d’euros, comme Multiverse Computing (189 millions) ou Version (38 millions). Ces performances confirment l’attractivité du campus pour la finance et les investisseurs, et renforcent son rôle dans le business technologique français. C’est donc un succès à l’échelle de la France et s’il existe un hub d’innovation où se côtoient en nombre, en France des startups, des incubateurs, des accélérateurs de projet et un réseau d’investisseurs, c’est bien de la Station F dont il s’agit.
Un prestige renforcé par la présence des grands noms de la tech
Si l’on considère le milieu de l’entrepreneuriat parisien, l’aura de la Station F est incontestable, renforcée par l’arrivée du PSG et de son PSG Lab, un programme dédié aux jeunes pousses de l’esport. De quoi motiver la diversification des startups qui actuellement sont à 70 % concentrées sur l’intelligence artificielle. L’incubateur parisien s’enorgueillit même d’avoir vu passer entre ses murs, 40 % des startups françaises en IA !
Question prestige, la Station F n’a pas de leçon à recevoir. Emmanuel Macron a inauguré le campus quelques semaines après son élection en 2017, et François Hollande y a installé sa fondation La France s’engage. L’incubateur parisien accueille aussi des figures majeures de la tech et de l’IA comme Arthur Mensch (Mistral AI), Yann Le Cun (Meta) ou Lisa Su (AMD). Le lieu organise aussi régulièrement des événements, des compétitions et des rencontres avec des experts, renforçant son aura bien au-delà de la capitale. Une occasion rare pour les start-up hébergées d’entrer en contact avec certains des profils les plus brillants de la scène technologique mondiale.
Dans quelques temps, à la suite d’un appel d’offres remporté par Xavier Niel un ensemble immobilier composé d’un hôtel 5 étoiles et d’une auberge de jeunesse à dix euros la nuit verront le jour. Une réflexion s’est en outre ouverte au sujet de la reprise de locaux commerciaux afin d’accueillir un espace accueillant les startups plus “matures” que celles de la Station F. Preuve que même le plus grand campus d’innovation du monde continue, lui aussi, d’évoluer.
Fabrice Mateo
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