
C12 Quantum Electronics la deeptech française qui veut industrialiser l’ordinateur quantique
C12 Quantum Electronics, l’un des acteurs majeurs de l’informatique quantique portée par la French Tech, veut réussir une première mondiale qui marquerait le prélude à l’industrialisation de cette technologie. L’ambition reste élevée, mais elle s’appuie sur des avancées de recherche solides ainsi que sur l’intérêt croissant des investisseurs et le soutien accru des pouvoirs publics à la deeptech française. The New Siècle s’est penché sur cette aventure scientifique et industrielle.
Industrialiser l’informatique quantique grâce aux nanotubes de carbone
L’ordinateur quantique universel n’existe encore que dans les esprits, malgré des expériences encourageantes. Les travaux sur cette industrie sont essentiellement cantonnés pour l’instant dans les départements R&D des entreprises et des organisations. Pourtant C12 Quantum Electronics pense déjà à la suite, industrialiser l’ordinateur quantique. Le spin-off du Laboratoire de physique de l’Ecole normale supérieure (LPENS et CNRS), couvé par l’incubateur PC’Up de l’ESPCI Paris (École supérieure de physique et de chimie industrielle) depuis fin 2020, développe une technologie de puces quantiques. Elles reposent sur des nanotubes de carbone ultra-purs, suspendus au-dessus de circuits de silicium, qui ouvrent la voie à des qubits de spin plus stables et fidèles.
Ces avancées permettent aussi de mieux faire connaître au grand public ce qu’est l’électronique quantique et pourquoi elle constitue un domaine stratégique pour l’avenir. Ce matériau élémentaire est prometteur en raison de sa pureté et son interface minimale avec son environnement. Le défi fondamental de ce type d’ordinateurs est que les qubits sont perturbés par leur environnement et entraînent des erreurs dans les résultats des calculs. La startup espère que ce matériau traitera l’information quantique avec une haute fidélité, c’est-à-dire avec le moins d’erreurs possibles et à grande échelle.
Les projets actuels de C12 visent non seulement à valider des architectures fiables de calcul, mais aussi à ouvrir la voie à des applications dans la chimie, la pharmacie ou encore la finance, où la puissance de calcul quantique pourrait bouleverser les pratiques.
Enjeu vital pour les gouvernements de tous les pays
C’est le second volet de l’ambition mondiale de C12 Quantum Electronics : industrialiser l’ordinateur quantique. Après une levée de fonds de 10 millions d’euros en 2021, C12 a récidivé en 2024 avec 18 millions d’euros. Il a réuni des nouveaux investisseurs Varsity Capital, EIC Fund, Verve Ventures et d’autres, plus historiques, comme 360 Capital, Bpifrance via son fonds Digital Venture et BNP Paribas Développement.
La présence de Bpifrance démontre l’aspect stratégique et la nature souveraine de l’activité de l’entreprise de quantum electronics. Au-delà de la recherche, l’électronique quantique promet de transformer des secteurs entiers de l’industrie, tout en soulevant des questions de souveraineté, de sécurité des données et de formation des talents. L’informatique quantique tout comme l’intelligence artificielle est un secteur vital pour tous les pays. Ainsi, C12 a également été retenue pour le programme Proqcima lancé en mars 2024 par le Ministère des Armées en collaboration avec le Secrétariat général pour l’investissement (SGPI). Il vise à disposer de deux prototypes d’ordinateurs quantiques universels de conception française à horizon 2032.
Une ligne de production pilote pour fabriquer des produits quantiques
Sur le site de Bpifrance, l’on comprend que l’ambition n’est pas démesurée : “C12 Quantum Electronics a démontré à la fois théoriquement et empiriquement que son architecture – la plus proche réalisation d’un spin unique dans le vide et compatible avec l’émission d’un photon unique – permet de réduire toutes les sources de bruit impactant la qualité du qubit.” Fin octobre 2023, la startup a inauguré la Quantum Fab, sa première ligne de production installée en plein Paris. On y trouve plusieurs laboratoires, dont une salle blanche pour fabriquer des puces semi-conducteurs. Cette unité pilote doit permettre à C12 de passer un cap et de produire ses premiers processeurs quantiques.
Avec ce dernier tour de table et ces premiers succès de recherche, l’objectif est de réaliser une première mondiale, la première opération quantique de haute-fidélité sur deux qubits distants, reliés par un bus de communication. Matthieu Desjardins, CTO, cofondateur de C12 et expert du qubit de spin piégé dans des nanotubes, commente : “Nous avons pour objectif de faire la démonstration d’une intrication longue distance entre 2 qubits. Cette intrication est au cœur de la démultiplication de la puissance quantique qui un jour nous permettra de calculer en quelques secondes ce qui peut prendre plusieurs années aujourd’hui. Cette porte 2Q à longue distance constitue donc une étape majeure dans la technologie quantique.”
Cet attrait des investisseurs pour l’informatique quantique dont le temps de développement est très long démontre l’attrait croissant pour les startups de la deeptech française, notamment à Paris, longtemps parent pauvre de la French Tech. Et aussi celui des pouvoirs publics. Le futur du numérique made in France passe par cette entente entre privé et public, trop longtemps dénigrée par le passé. Pour ne pas rester candide dans cette course à une puissance de calcul phénoménale et industrialisable.

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