
Top 6 des start-ups quantiques françaises à suivre de près
Depuis dix ans, la France confirme sa place parmi les rares nations européennes à rivaliser sérieusement avec les États-Unis et la Chine dans la course à l’informatique quantique. Le plan France 2030 y investit massivement, offrant un cadre propice à l’émergence de jeunes pousses prometteuses. Au-delà de la recherche fondamentale, ces start-ups séduisent les investisseurs (BpiFrance en tête) avec des levées de fonds parfois conséquentes et développent des applications concrètes pour les industriels. Un véritable écosystème French Tech dédié au qubit et au calcul haute performance est en train de naître… The New Siècle vous dévoile six de ces pépites promises à un bel avenir.
Alice & Bob mise tout sur l’ordinateur tolérant aux pannes
Issue des prestigieux bancs de l’ENS et du Collège de France, Alice & Bob a su se faire remarquer dès 2020 par une approche qui intrigue jusqu’aux laboratoires internationaux. Leur pari repose sur la conception d’un ordinateur quantique tolérant aux pannes, une machine conçue pour rectifier d’elle-même les imperfections qui brouillent les calculs. Et il faut dire que dans ce domaine, la correction d’erreurs constitue un défi de taille. La solution d’Alice & Bob exploite un supraconducteur particulier, le qubit « chat » (une référence au célèbre paradoxe de Schrödinger), qui préserve l’information bien plus longtemps que les architectures supraconductrices conventionnelles.
La start-up tisse actuellement des liens solides avec des experts du cloud quantique et plusieurs instituts à l’étranger. Son calendrier passe d’abord par des démonstrateurs logiques, soutenus par le programme PROQCIMA du Ministère des Armées, qui veut voir émerger en France deux prototypes d’ordinateurs quantiques universels… Une avancée qui pourrait donner à la France une longueur d’avance sur des géants comme Google ou IBM, qui explorent d’autres architectures mais font face aux mêmes défis de correction d’erreurs. Preuve que les investisseurs ont confiance en cette technologie, la start-up a levé en janvier 2025 100 millions d’euros. Une manne financière qui lui donne largement les moyens de franchir le cap de l’industrialisation… et de mettre au point un ordinateur quantique tolérant aux pannes capable de délivrer des résultats exploitables dès 2030.
Pasqal, des atomes neutres au terrain industriel
Forte d’une origine académique au laboratoire de physique des lasers d’Orsay, Pasqal structure ses processeurs quantiques autour d’une technologie maîtrisant les atomes neutres. Chacun d’entre eux, isolé par des pinces optiques, constitue un qubit dont la stabilité se mesure sur plusieurs dizaines de millisecondes… une durée remarquable dans le monde quantique où tout s’effondre habituellement en quelques microsecondes. Cette approche trouve tout son sens pour le calcul haute performance, préservant naturellement la cohérence quantique des systèmes tout en permettant une interconnexion native entre les atomes neutres… comme si chaque particule connaissait instinctivement l’état de sa voisine.
L’entreprise compte déjà parmi ses premiers utilisateurs des groupes comme TotalEnergies, le Crédit Agricole ainsi que des sociétés pharmaceutiques. Son alliance avec Nvidia sur CUDA-Q permet d’enchâsser les calculs quantiques dans les infrastructures informatiques classiques. Le passage à l’échelle représente l’objectif suivant, transformant ces démonstrateurs en outils aptes à résoudre des défis industriels, qu’il s’agisse de conception moléculaire ou d’optimisation de réseaux. Portée par une levée de fonds de 100 millions d’euros en 2023, Pasqal affirme son statut de champion européen, avec une valorisation désormais établie à plusieurs centaines de millions d’euros.
Quandela, la voie photonique et l’accès distant
Quandela joue une carte différente. L’équipe issue du Centre de nanosciences et de nanotechnologies mise sur les photons, ces particules de lumière utilisées dans les circuits optiques, pour concevoir un ordinateur photonique accessible via un cloud. Autrement dit, les clients se connectent à distance sur une machine quantique photonique hébergée en France, sans avoir besoin d’installer de matériel spécifique.
L’avantage des photons tient dans leur capacité à voyager sans perdre de cohérence. La cybersécurité quantique s’invite aussi dans le débat puisque les communications photoniques s’adaptent très bien aux protocoles de cryptographie avancée. Quandela a déjà lancé Perceval, une plateforme logicielle qui permet aux chercheurs et aux entreprises de développer leurs propres algorithmes sur cette architecture photonique. Plusieurs clients institutionnels se sont déjà abonnés à ce service d’accès distant. La jeune pousse passe maintenant à la vitesse supérieure, préparant d’ores et déjà l’installation de ses machines dans les data centers européens.
Quobly et le pari du silicium pour passer à l’échelle
Autre piste, celle de Quobly, anciennement connue sous le nom de Siquance. La start-up grenobloise, elle, explore le silicium pour construire ses qubits. Une approche qui s’appuie sur l’héritage du CEA et du pôle microélectronique de la région, déjà mondialement reconnu. Miser sur le silicium offre un avantage très concret : la compatibilité avec les procédés industriels existants. Là où d’autres architectures nécessitent des conditions extrêmes ou des équipements expérimentaux, Quobly cherche à fabriquer des puces quantiques directement intégrables dans la chaîne de production des semi-conducteurs.
Les fondateurs mettent en avant une meilleure interconnexion entre les qubits et une stabilité accrue grâce aux progrès de la microfabrication. Quobly travaille main dans la main avec plusieurs équipes du CEA pour mettre au point des systèmes de lecture adaptés à ses qubits en silicium. La start-up s’est aussi associée à STMicroelectronics pour fabriquer ses processeurs quantiques sur une technologie FD-SOI, déjà largement utilisée dans l’industrie des semi-conducteurs. Pour mener à bien ses projets, elle a obtenu un soutien massif du plan France 2030, avec une première levée de fonds de 19 millions d’euros en 2023 puis un nouveau tour de table de 21 millions d’euros en mai 2025, venu soutenir la phase d’industrialisation de sa puce en silicium intégrant pas moins de 100 qubits physiques.
La mémoire quantique au service du réseau pour Welinq
Fraîchement débarquée sur la scène parisienne en 2022, Welinq a jeté son dévolu sur un composant aussi crucial que délicat à maîtriser : la mémoire quantique. Leur crédo est de mettre au point des modules capables de « garder en vie » des qubits le temps de faire communiquer plusieurs processeurs quantiques entre eux. Car dans la ruée vers l’informatique quantique, le vrai défi réside souvent dans l’interconnexion… C’est ici que la mémoire quantique entre en jeu, servant de pont indispensable en maintenant la précieuse cohérence quantique juste assez longtemps pour coordonner des calculs ambitieux.
Déjà, Welinq discute avec des acteurs des réseaux et des télécoms, qui voient dans cette technologie une promesse de cybersécurité quantique renforcée (et une transmission à l’abri des oreilles indiscrètes). On entrevoit des réseaux quantiques longue distance qui redéfiniraient les échanges entre data centers, en verrouillant les communications comme jamais auparavant. Portée par France 2030 et des labos publics, la start-up suit sa feuille de route qui pourrait déboucher sur un premier démonstrateur dès 2026.
C12 Quantum Electronics étudie la piste des nanotubes de carbone
C12 Quantum Electronics fait le pari audacieux des nanotubes de carbone pour façonner une nouvelle génération de qubits. Leur choix du carbone est plutôt malin… cette approche promet en effet des dispositifs plus compacts et stables que les architectures supraconductrices classiques. Ces minuscules cylindres de carbone révèlent des propriétés électroniques exceptionnelles, idéales pour préserver la cohérence quantique sur la durée.
Pour l’instant, C12 reste concentrée sur le développement matériel en laboratoire mais elle propose déjà Callisto, son émulateur quantique accessible dans le cloud via OVHcloud… et prépare à terme l’intégration de ses composants quantiques dans des infrastructures cloud. L’objectif est de développer des briques modulaires que d’autres acteurs pourraient utiliser à leur tour. Le projet attire d’ailleurs des investisseurs internationaux, séduits par cette approche originale qui pourrait bien réduire significativement le coût des machines quantiques. C12 se présente comme un pari sur l’avenir… et si la piste du carbone tient ses promesses, elle pourrait bien redistribuer les cartes de l’informatique quantique mondiale.
Ce Top des start-ups quantiques françaises à suivre de près dévoile un écosystème surprenant de diversité et de complémentarité dans un même domaine d’avenir. Alice & Bob travaille sur l’épineux problème de la tolérance aux erreurs, Pasqal fait dialoguer ses atomes, tandis que Quandela mise sur les photons et Quobly sur la solidité du silicium. Dans cette symphonie technologique, Welinq assure la liaison par la mémoire quantique et C12 explore l’audace des nanotubes de carbone. Toutes ces initiatives, chacune avec sa couleur propre, tissent ensemble une feuille de route cohérente qui positionne la France comme un partenaire crédible dans l’aventure quantique mondiale. Le chemin reste long, mais ces start-ups sont la preuve vivante que la France est plus que jamais redoutable dans la course à l’innovation quantique.

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