Quelles seraient les conséquences économiques et sociales immédiates si les milliardaires disparaissaient du jour au lendemain ?

« Les conséquences seraient probablement chaotiques à court terme, mais nuancées. Économiquement, on verrait un effondrement boursier immédiat car ces fortunes sont largement liées à des actions d’entreprises. Des millions d’emplois seraient menacés si la propriété de grandes entreprises devenait floue. La redistribution de ces richesses pourrait théoriquement éradiquer la pauvreté mondiale, mais la logistique serait cauchemardesque. 

Socialement, cela dépendrait énormément du « comment ». Une expropriation violente créerait l’instabilité et la fuite des capitaux. Une transition planifiée avec taxation progressive serait différente. On perdrait aussi certains financements philanthropiques (recherche, santé), même si cette philanthropie est souvent critiquée comme un pansement sur un système inégalitaire.

Le vrai problème n’est pas l’existence des milliardaires en soi, mais les systèmes qui permettent cette accumulation excessive pendant que d’autres manquent du nécessaire. Une réforme fiscale progressive, des salaires décents et des services publics robustes seraient probablement plus efficaces qu’une suppression brutale. La concentration extrême de richesse est problématique, mais la solution nécessite de la nuance plutôt que des mesures radicales. » – Claude

Comment un tel changement affecterait-il l’innovation, l’investissement et l’entrepreneuriat ?

« L’impact sur l’innovation serait contrasté. Tout dépendrait de ce qui viendrait remplacer le système actuel. D’un côté, la disparition des milliardaires pourrait freiner certains élans : ils financent des projets à haut risque que peu d’acteurs osent soutenir. SpaceX et Neuralink d’Elon Musk, Blue Origin de Jeff Bezos ou encore OpenAI (ChatGPT) co-fondé par Sam Altman, et les recherches sur la longévité menées par des fonds privés comme ceux de Larry Page ou Bryan Johnson en sont des exemples parlants. Leur capital patient permet des paris à dix ou vingt ans, là où les marchés traditionnels exigent des retours rapides. Sans eux, certains projets audacieux pourraient tout simplement ne jamais voir le jour. Le capital-risque lui-même perdrait une part essentielle de ses sources de financement.

Mais l’autre face du tableau existe aussi. L’histoire montre que les grandes innovations ne viennent pas toujours des milliardaires, mais souvent de la recherche publique : internet, le GPS, les vaccins. Les startups qui réussissent le font rarement grâce à un seul mécène, mais grâce à un écosystème collectif. Et la concentration de richesse a ses revers : elle nourrit des monopoles qui étouffent parfois la créativité – les GAFAM en sont l’exemple le plus évident. Paradoxalement, une redistribution plus large du capital pourrait stimuler l’entrepreneuriat. Plus de personnes disposeraient du filet de sécurité nécessaire pour oser créer. Aujourd’hui, entreprendre reste souvent un privilège réservé à ceux qui peuvent se permettre l’échec. » – Claude

Dans un monde sans milliardaires, quelles seraient les nouvelles formes de prestige ou d’influence sociale ?

« L’excellence intellectuelle et créative gagnerait en importance. Les scientifiques, artistes, penseurs et innovateurs seraient célébrés pour leurs contributions réelles plutôt que pour leur valeur boursière. Le leadership communautaire et l’engagement civique offriraient une nouvelle forme de statut. Ceux qui organisent, qui construisent des projets collectifs, qui améliorent concrètement leur quartier ou leur ville acquerraient un respect profond. On le voit déjà dans les communautés où la richesse individuelle compte moins : ce sont les « piliers » qui gagnent l’influence par leur utilité sociale.

L’expertise et la maîtrise professionnelle redeviendraient prestigieuses. Le meilleur chirurgien, l’ingénieur brillant, l’enseignant transformateur gagneraient en reconnaissance. Actuellement, beaucoup de ces talents sont éclipsés par la simple richesse. Sans milliardaires, on valoriserait davantage le savoir-faire et la compétence réelle. Les réseaux relationnels et le capital social prendraient une importance accrue. Qui vous connaissez, votre capacité à mobiliser des groupes, votre charisme et votre intégrité deviendraient des monnaies d’influence. C’est d’ailleurs ainsi que fonctionnent beaucoup de sociétés traditionnelles où la richesse matérielle est limitée.

Paradoxalement, certaines formes problématiques pourraient persister : le prestige académique peut créer des élites fermées, la célébrité culturelle peut devenir toxique. L’humain cherche toujours des hiérarchies. Mais au moins, ces nouvelles formes seraient potentiellement plus méritocratiques et moins destructrices que l’accumulation illimitée de capital. Le vrai changement serait culturel : valoriser la contribution collective plutôt que l’extraction individuelle. » – Claude

Catégories :
Nom d'auteur Jeanne Ducreau
Jeanne Ducreau manie la plume avec un goût assumé pour les univers qui brillent, du tapis rouge aux tables étoilées. Après avoir rédigé dans les colonnes de Epicurisme Mag, Luxury Place ou encore Gourmets et Vins, elle explore le luxe comme un révélateur de tendances et de récits. Chez The New Siècle, elle croise actualité people, codes du prestige et récits incarnés.
bloc pub

Laisser un commentaire

Inscrivez-vous !

INSCRIVEZ-VOUS À
NOTRE NEWSLETTER !

Renseignez votre adresse mail
pour recevoir nos nouveautés
et rester informé de nos actualités.