
Harold Parisot, l’homme derrière le Chinese Business Club, réseau où se mêlent influence et pouvoir
Harold Parisot a bâti en quelques années un réseau au carrefour du monde des affaires et du pouvoir. En 2012, il fonde le Chinese Business Club à Paris, un pari audacieux pour ce diplômé de l’ESSEC. Alors qu’il démarre sans contact ni appui particulier, il entrevoit l’opportunité de rapprocher des investisseurs chinois en quête de prestige et des décideurs français en mal de nouveaux relais de croissance. Dix ans plus tard, le Chinese Business Club est reconnu comme le premier réseau d’affaires de France, fort de plus de 140 entreprises membres et de rencontres mensuelles où se croisent PDG du CAC 40, chefs d’État, personnalités politiques, fondateurs de licornes et grands investisseurs. Sous l’impulsion d’Harold Parisot, le Club a su évoluer avec son époque. Derrière le protocole et les codes du prestige, il défend avant tout une idée, celle que les relations humaines sont le meilleur levier d’influence.
Dans cet entretien exclusif, The New Siècle retrace avec Harold Parisot l’ascension du Chinese Business Club, la manière dont il a su préserver l’indépendance du Club tout en multipliant les connexions concrètes, son ambition d’y faire dialoguer PDG, start-up et jeunes dirigeants ainsi que sa vision franche, quelque peu incisive du business et de l’attractivité française à l’international.
I. D’un pari personnel à un réseau d’influence
En juin 2015, Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie, accepte d’être invité d’honneur d’un déjeuner du Club.
1 – En quoi cette rencontre a-t-elle changé la trajectoire du Chinese Business Club ?
« Les premières années ont été un peu galères, de 2012 à 2015, parce que je n’avais ni l’argent, ni les contacts. Je voyais bien que les gens commençaient à s’y intéresser, mais il fallait un véritable « avant-après ». Et clairement, le fait d’avoir réussi à convaincre le ministre de l’Économie de venir, ça a été un tournant.
Beaucoup de médias, de télévisions, de journaux sont venus pour couvrir le déjeuner. Les journalistes se demandaient : « C’est quoi ce club d’affaires où le ministre de l’Économie intervient et prend la parole ? » Ça a donc été un énorme coup de projecteur pour le Chinese Business Club. » – Harold Parisot
Un déjeuner avec une personnalité politique de premier plan peut booster la notoriété d’un réseau… Mais il peut aussi susciter des soupçons d’affinités partisanes.
2 – Comment avez-vous géré cet équilibre entre visibilité institutionnelle et indépendance du Club ?
« Le Chinese Business Club, c’est 100 % business. Mais je n’ai aucun problème à mélanger des chefs d’entreprise, des politiques, des sportifs professionnels ou des chefs cuisiniers. C’est hyper éclectique, et c’est justement la force du réseau.
On a des gens de droite et de gauche à tous les déjeuners, mais le Club reste totalement apolitique. Je trouve important de permettre à des chefs d’entreprise d’échanger avec des politiques, et inversement. Cela les rapproche de la réalité du terrain, parce qu’on dit souvent que les politiques sont un peu dans leur monde.
Tout est officiel et transparent : la presse est présente à chaque déjeuner, la liste des participants est publiée sur Internet avec noms, fonctions et sociétés. On ne peut pas faire plus clair. On reçoit aussi bien des chefs d’État que des patrons du CAC 40 et, de plus en plus, des entrepreneurs à l’origine de licornes françaises. » – Harold Parisot
II. Business et réseautage au sommet
La réputation du Club s’est aussi nourrie de mises en relation concrètes : ventes de jets Falcon à des milliardaires chinois, implantation d’Orlane en Chine et, plus récemment, EuroPass qui décroche la SNCF après un déjeuner.
3 – Comment structurez-vous concrètement ces mises en relation pour qu’elles débouchent sur du réel, et pas seulement sur de l’échange de cartes de visite ?
« Aujourd’hui, nous comptons environ 140 sociétés membres et organisons une quinzaine d’événements par an à Paris, cocktails et déjeuners mensuels. À chaque événement, des mises en relation se créent entre membres, invités et participants. Le seul objectif des membres, c’est le retour sur investissement. Et il est bien réel : neuf sociétés sur dix renouvellent leur adhésion chaque année, soit 90 % de fidélité. L’adhésion a un coût, à partir de 9 500 euros hors taxes par an, donc personne ne renouvelle juste pour me faire plaisir. Ce taux de renouvellement, c’est un vrai indicateur de satisfaction. Et la régularité des rencontres crée les synergies. Venir une fois ne sert à rien, c’est en se voyant une à deux fois par mois que les opportunités se multiplient.
Le format même des événements favorise le networking. Cocktail debout d’une heure, déjeuner assis avec placement libre, puis café debout pour continuer à échanger. L’idée, c’est de repartir avec un maximum de contacts à transformer derrière. Évidemment, vous ne ferez pas du business avec tout le monde, mais les profils que vous croisez sont uniques : chefs d’entreprise, business angels, milliardaires français comme les Bouygues, Dassault ou Clarins, mais aussi ambassadeurs, patrons du RAID, du GIGN, de la BRI… Ce sont des rencontres que vous ne ferez nulle part ailleurs. Il existe beaucoup de clubs très bien en France, mais le nôtre a un positionnement différent. C’est comme comparer un sac Longchamp et un sac Dior : les deux sont beaux, mais ce n’est pas le même positionnement. » – Harold Parisot
III. Quand le Club se réinvente
Jusqu’en 2020, le Club assumait son ADN franco-chinois. Mais depuis la pandémie, il est devenu « 90 % franco-français » et compte de plus en plus de start-up parmi ses membres.
4 – Est-ce une adaptation temporaire aux contraintes sanitaires et géopolitiques, ou le signe d’un repositionnement durable ?
« Pendant le Covid, j’ai compris que les Chinois mettraient du temps à revenir. Et en 2025, ils sont toujours très peu présents : dix fois moins de touristes, dix fois moins d’investisseurs. J’ai donc élargi la cible : start-up, TPE, PME, ETI… L’idée, c’est de dire à ces jeunes chefs d’entreprise, souvent la tête dans le guidon : rejoignez le Club, car un bon réseau peut développer votre business de façon exponentielle.
Je m’adapte à l’actualité sans modifier l’identité du Club car les Chinois finiront par revenir. Il reste encore quelques acteurs présents comme l’ambassadeur ou les dirigeants de Huawei et de BYD mais ils sont rares. Rien n’est définitif et je n’ai aucun intérêt à leur tourner le dos. Sans concurrence sur ce créneau, ce serait une erreur stratégique. Ils reviendront et ils seront bien sûr les bienvenus. » – Harold Parisot
Ces dernières années, on voit une montée en puissance des jeunes pousses et petites entreprises au sein du Club, notamment issues de la French Tech.
5 – Comment intégrez-vous concrètement ces nouveaux entrepreneurs aux côtés de PDG aguerris ?
« Il y a une vraie complémentarité. D’un côté, les jeunes entrepreneurs ont des idées géniales et de l’énergie, mais peu de moyens. De l’autre, les dirigeants plus expérimentés sont souvent business angels, ravis de soutenir ces profils prometteurs. C’est du win-win. Les uns cherchent des investisseurs, les autres des projets crédibles. Et quand ça match, ça donne de belles histoires. Beaucoup de chefs d’entreprise du Club investissent dans des sociétés membres. Tout le monde y trouve son compte : les entrepreneurs lèvent des fonds, les business angels font de bons placements. Mais il faut y croire. Il faut croire aux projets pour investir. » – Harold Parisot
En dix ans, avez su asseoir le Club comme un rendez-vous incontournable des décideurs en France et vous ambitionnez d’y intégrer fortement la nouvelle génération de leaders.
6 – Envisagez-vous d’étendre ce modèle à l’international pour continuer à “accélérer le business” de vos membres ?
« J’y ai pensé avant le Brexit, notamment à Londres, mais je suis chauvin, donc j’ai laissé tomber cette idée. Plusieurs fois, nous avons eu des synergies et organisé des événements conjoints avec le Club 50, le club des milliardaires de Shanghai. Nous avons d’ailleurs mené plusieurs partenariats à Shanghai avant la crise sanitaire.
Depuis, il n’y a pas eu de nouvelles initiatives. Je ne dis pas qu’il n’y en aura pas dans les prochaines années, mais pour l’instant, le côté chinois est un peu en stand-by. Il n’y a donc pas de projet d’ouverture, ni en province ni à l’international. » – Harold Parisot
IV. Le franc-parler d’un bâtisseur
Vous insistez souvent sur l’importance du réseau comme « accélérateur de business » pour les entrepreneurs. Et vous affirmez que la chance, en affaires, se provoque par un travail régulier et acharné plutôt que par le hasard.
7 – Quel conseil concret donneriez-vous à un jeune entrepreneur qui cherche aujourd’hui à se construire un réseau solide à partir de rien ?
« J’adore cette question. J’ai démarré avec rien, donc je sais de quoi je parle. Il faut d’abord s’intéresser sincèrement aux autres. Ensuite, il faut avoir un profil LinkedIn parfaitement à jour et actif. Pour moi, c’est le réseau social professionnel par excellence. La notoriété du Chinese Business Club s’est largement construite grâce à LinkedIn. Il faut combiner réseau en ligne et réseau physique. Les deux sont complémentaires.
Il faut aussi savoir se présenter clairement, en 15 à 30 secondes maximum, le fameux Elevator Pitch. Votre interlocuteur doit comprendre immédiatement qui vous êtes, ce que vous faites et ce que vous proposez. Et puis, avoir des cartes de visite, papier ou virtuelles, et assister à des événements professionnels. Ne pas hésiter à aller vers les gens, même si les premières minutes sont un peu gênantes. Ensuite, tout devient fluide. » – Harold Parisot
Vous assumez volontiers une approche cash des affaires, à l’anglo-saxonne : parler business sans détour. Vous avez même déclaré préférer la mentalité chinoise en la matière, plus efficace, et que le mot « lobbying » ne vous dérange pas.
8 – Les dirigeants français devraient-ils adopter un style de négociation plus direct pour gagner en efficacité sur la scène internationale ?
« Les Chinois ont une vraie mentalité d’entrepreneurs. Ils ne lâchent rien. Ils ont faim, ils veulent réussir. Et je trouve que cet état d’esprit manque parfois en France. Les dirigeants français gagneraient sans doute à adopter un style de négociation plus direct, plus efficace. En Chine, il n’y a pas d’aides, quand on perd son travail, on n’a pas d’autre choix que de rebondir. En France, c’est l’inverse, beaucoup d’aides, beaucoup de sécurité. Peut-être trop…
Quand on démarre sans rien, la motivation est décuplée. J’en suis la preuve. J’ai vu beaucoup d’entrepreneurs dans ce cas, comme Jonathan Anguelov ou Anthony Bourbon, que j’ai reçus tous deux au Club. Ils ont commencé de zéro et sont devenus des modèles de réussite. J’aime mettre en avant ce type de success stories. Ce sont des parcours inspirants, et les membres adorent. » – Harold Parisot
9 – Quels seront les prochains invités d’honneur du Chinese Business Club ?
« Le 14 novembre, nous recevrons Louis Sarkozy, puis Michel-Édouard Leclerc le 18 décembre. Et le 9 février 2026, ce sera Nina Métayer, meilleure pâtissière du monde. C’est un profil jeune, féminin, atypique. Je suis ravi. Je pense que ça va faire parler. » – Harold Parisot
The New Siècle remercie Harold Parisot d’avoir répondu à notre interview et ainsi partager sa vision et son expérience à nos lecteurs.
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