La naissance de Grok et les ambitions de xAI

En juillet 2023, Elon Musk lance xAI avec une promesse, créer une alternative à ChatGPT, afin d’avoir un chatbot capable de comprendre la vraie nature de l’univers. Pour rappel, le milliardaire avait quitté le conseil d’administration d’OpenAI en 2018 à cause de désaccords, naturellement, il a souhaité créer son propre modèle d’IA pour faire face à la domination des géants du secteur, tel que ChatGPT. Fondée en 2023, Grok s’est rapidement imposée comme un challenger sérieux avec une équipe regroupant d’anciens talents de chez OpenAI, DeepMind et Google.

Contrairement aux autres projets d’IA générative qui dévorent des montagnes de données issues d’internet, pour proposer ses réponses, Grok s’appuie en priorité sur les données venues de X (le réseau social racheté par Elon Musk, anciennement Twitter). Elle a donc à sa portée des milliards de messages, photos et réactions en temps réel, ce qui lui donne accès directement à l’actualité brute. Théoriquement, l’intelligence artificielle peut ainsi donner des réponses à des questions sur des événements récents dans le monde avec plus de réactivité que ses concurrents. Aujourd’hui, Grok est directement intégrée à X, les utilisateurs peuvent l’interroger instantanément en répondant à un tweet et obtenir une réponse en temps réel.

En décembre 2024, Elon Musk, déjà patron de Tesla et SpaceX a levé 6 milliards de dollars pour xAI, ce qui a porté sa valorisation à 24 milliards de dollars. En mars 2025, Grok comptait 35 millions d’utilisateurs actifs.

Une intelligence artificielle sans filtre, entre audace et dérives

Le discours anti-censure porté par Elon Musk depuis des années se matérialise dans Grok. Là où ChatGPT ou Claude AI refusent gentiment de répondre à certaines questions politiques, conspirationnistes ou moralement ambiguës, Grok accepte d’entrer dans le débat. Son mantra ? Un modèle avec des réponses fiables, compétentes et le plus bénéfique possible à toute l’humanité.

L’Intelligence artificielle de Grok expose des arguments de tous les points de vue, même ceux jugés hors du consensus et cela, sans systématiquement préciser qu’ils peuvent être faux ou dangereux. De quoi créer la controverse autour des enjeux éthiques et sociaux depuis la création de cette intelligence artificielle. De plus, les comptes premiums, eux, ont accès à l’option des « personas » de Grok : des personnages IA avec lesquels ils peuvent converser à l’oral ou à l’écrit, qui ne sont pas du tout bridés. Ils peuvent parler de drogue, d’alcool… 

Néanmoins, ces derniers mois, plusieurs incidents ont montré que Grok restait quelque peu encadrée. En effet, certaines requêtes sensibles sur Donald Trump ont été filtrées par Elon Musk, engendrant des réponses plus prudentes qu’à l’accoutumée.

Grok face aux géants de l’Intelligence Artificielle

Dans l’arène des intelligences artificielles qui se sont multipliées en quelques années, Grok se veut être l’outsider face aux mastodontes. Là où ChatGPT joue la carte de la prudence avec un modèle déclinant les requêtes sensibles, où Claude est connu comme très éthique, priorisant des réponses et où Gemini reste prudent sur certains sujets… L’intelligence artificielle d’Elon Musk peut être qualifiée de trop « cash », avec des réponses sans limites. Elle propose également une option nommée Grok Imagine, un générateur d’images et de vidéos puissant permettant de passer d’une simple idée à un contenu visuel en quelques secondes. Un modèle conçu pour être simple d’accès auprès de tous avec un outil directement disponible sur X. En tant qu’utilisateur, vous avez sûrement remarqué depuis quelque temps une inondation de vidéos générées par intelligence artificielle, aussi bien mystérieuses que merveilleuses, une grande partie de ces contenus provient du modèle de Grok.

Lors de la création de l’intelligence artificielle Grok, Elon Musk ne souhaitait pas un simple chatbot pour les utilisateurs, il a voulu parier sur un modèle qui reflète la complexité humaine, y compris ses travers, plutôt que de l’embellir. Mais cette prise de parti a inévitablement un côté sombre lourdement controversé, si cette posture attire les utilisateurs lassés des réponses trop lisses, elle leur demande de faire preuve d’esprit critique. Mais comment s’assurer qu’ils prennent le recul nécessaire ? Cela pose une question de responsabilité concernant les enjeux éthiques et sociaux liés.

Grok a encore des lacunes, sans aucune protection, il peut amplifier des informations non vérifiées qu’il source directement de X, ce qui peut attirer des biais ou même légitimer des discours problématiques… Néanmoins, l’intelligence artificielle Grok a le mérite de remettre sur la table une question essentielle, celle de la responsabilité partagée entre l’outil et celui qui s’en sert, à une époque où la frontière entre assistance et influence devient de plus en plus floue.

Nom d'auteur Justine Ferrari
Justine Ferrari est une journaliste spécialisée dans la finance et la tech. Diplômée depuis sept ans, elle rédige des news, dossiers et publireportages sur les thèmes de la cryptomonnaie, blockchain, mais aussi sur la macro et la politique en lien avec les investissements. Elle conçoit chaque sujet comme une aventure, creuser, décortiquer et partager fait partie de son ADN. Son objectif ? Rendre accessibles les thèmes les plus complexes et inspirer les lecteurs de The New Siècle à comprendre les innovations et stratégies qui façonnent notre quotidien financier.
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