L’audace fondatrice de Chronoswiss face à la crise du quartz

Les montres Chronoswiss font partie des garde-temps les plus appréciés du rayon. Et pour cause, elles reflètent l’équilibre parfait entre savoir-faire artisanal et modernité. Créée en 1983 par l’horloger allemand Gerd-Rüdiger Lang, la première de la maison voit le jour à Munich, dans un contexte extrêmement tendu. En effet, la crise du quartz bat son plein, de nombreux emplois horlogers disparaissent, les manufactures mettent la clé sous la porte et la montre mécanique est décriée comme ringarde et obsolète. L’artisan allemand ne lâche pas l’idée d’une montre qui mêlait artisanat ancien et contemporanéité. Il crée la Chronoswiss, dont le nom allie en réalité deux mots : chronos, qui vient du grec et signifie « temps », et swiss, qui fait écho aux origines de l’objet.

Chronoswiss monture

Une pièce horlogère révolutionnaire pour l’époque, puisque son créateur y intègre plusieurs marqueurs visuels forts, qui la rendent immédiatement reconnaissable et forgent par ailleurs l’identité visuelle du label. On pense naturellement en premier à la technique de guillochage artisanale, la marque suisse est l’une des seules à posséder des ateliers avec de véritables machines à guillocher. Les boîtiers cannelés, inspirés des montres à gousset du XIXᵉ siècle, participent aussi grandement à l’esthétique unique des montres Chronoswiss. Tout comme l’affichage régulateur, aussi connu sous le nom de Flying Regulator, la signature visuelle par excellence de la griffe, qui témoigne de sa complication horlogère unique.

Gerd-Rüdiger Lang, croyait au potentiel de la montre mécanique à un moment de l’histoire où cette dernière était la plus dépréciée. L’horloger allemand a fait partie des figures importantes qui ont contribué au retour en grâce de la montre mécanique dans les années 1990 et il reste, même après sa disparition en 2023, l’une des figures les plus visionnaires du métier.

Chronoswiss mouvement quartz

De Munich à Lucerne, la métamorphose d’une maison indépendante

Née à Munich, Chronoswiss a toutefois vite adopté le pays des montres, la Suisse, et tout particulièrement la région de Lucerne. Bien avant son rachat en 2012 par Oliver et Eva Bärtsch, Chronoswiss a toujours joui d’un ADN suisse. Rappelons que, dès les débuts de la manufacture, Gerd-Rüdiger Lang utilisait des calibres suisses pour ses montres. L’assemblage, les détails des finitions et le processus d’inspection faisaient eux aussi la part belle aux standards suisses. C’est donc tout naturellement que le label fit un retour aux sources en 2012.

Chronoswiss créations

Dès le rachat, les nouveaux propriétaires envoient un message fort et décident de déménager le siège social de la compagnie à Lucerne, ce qui marque définitivement l’ancrage de la maison horlogère dans le grand bassin des montres de luxe à la renommée mondiale. En prime d’une évolution d’image positive, Chronoswiss a également vu le processus de fabrication de ses montres être profondément amélioré, composants sourcés localement, ateliers d’émaillage, conceptions plus modernes… la patte suisse brille plus que jamais au sein de l’institution.

Héritage vivant et défis d’une horlogerie de conviction

En 2025, Chronoswiss continue de défendre sa direction artistique, basée à la fois sur le savoir-faire artisanal suisse et la modernité. Parmi les collections récentes (Delphis, Pulse One, Opus), toutes partagent la même idée du luxe contemporain discret. La ligne Flying Regulator s’est quant à elle offert un lifting, le boîtier se veut plus sportif mais tout aussi élégant à l’instar de la nouvelle Rolex Land-Dweller, tandis que le régulateur conserve le design qui a fait l’ADN de la marque.

Chronoswiss design

Les montres Chronoswiss conservent une esthétique mécanique contemporaine, qui ne lésine ni sur le confort ni sur l’aspect bijou. Une ligne directrice qui plaît aux heureux détenteurs de la montre griffée. Rappelons que les collections du label sont assez exclusives, la production des bracelets horlogers est relativement limitée. Le modèle Q-Repeater est par exemple confectionné à hauteur de 25 pièces par an. Une production mesurée qui contraste avec les autres géants du marché. À titre comparatif, Rolex produirait entre 800 000 et 1 million de montres par an, tandis que Chronoswiss n’en produirait pas plus que 7000 modèles.

Chronoswiss compilation horlogere

Connu pour avoir remis au goût du jour le régulateur automatique, Chronoswiss restera à jamais dans les annales de l’horlogerie comme la maison indépendante qui a su redonner son prestige à un processus décrié. Aujourd’hui, son histoire inspire et questionne plus que jamais. Née en pleine résistance, il est intéressant de se demander quel avenir l’icône horlogère envisage face à l’ère, de plus en plus prépondérante, de la montre connectée.

Nom d'auteur Myriam Ait Abdelmalek
Formée en journalisme et en stratégies de communication, Myriam débute sa carrière chez Vogue France. Après plusieurs années passées au sein des éditions Condé Nast (Vogue, GQ, AD) et auprès de rédactions prestigieuses (Stylist, Marie Claire), elle assume un goût effréné pour les sujets luxe et société. Pour The New Siècle, elle décrypte aussi bien les pièces de joaillerie les plus pointues du marché que les palaces de rêve où séjourner.
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