Apple Intelligence : Les fonctionnalités passées au crible
C’est un mot-valise, un slogan technique, une promesse marketing : Apple Intelligence. Deux mots pour redéfinir ce que l’empire fondé par Steve Jobs ne veut surtout pas appeler intelligence artificielle. Ici, l’IA n’est ni un assistant froid ni une machine bavarde. C’est une ombre, une couche logicielle infusée dans l’écosystème Apple, invisible à l’œil nu, mais tapie dans chaque geste. Pour vous, The New Siècle a exploré ses fonctionnalités.
Apple ne court pas après l’effet de manche. Pendant que Google gesticule avec Gemini et que Microsoft pousse Copilot comme un véritable produit, la firme de Cupertino s’efface, greffant son intelligence en interne, tel un murmure dans le système. Mais ne vous y trompez pas : ce que l’on appelle Apple Intelligence, c’est une plateforme complète, capable d’analyser, résumer, générer, prioriser. Une IA générative, mais encapsulée, cloîtrée dans l’architecture Apple. Avec une obsession : ne jamais franchir la ligne rouge de la vie privée.
Réécrire, résumer, corriger : une IA qui prend la plume
C’est l’une des promesses phares. Offrir à l’utilisateur un bras droit littéraire, capable d’améliorer un message, de lisser une note ou de reformuler un paragraphe. Sur Mail, Notes, Pages, ou même dans des applications tierces, un simple appui sur “Réécrire” déploie un éventail de propositions, plus concises et chaleureuses. La prise en main est instantanée. Le ton s’adapte, les fautes disparaissent et les maladresses s’estompent. L’utilisateur reste maître de ses mots, mais avec un filet de sécurité permanent. Et lorsque le texte s’allonge, Apple Intelligence résume de façon efficace et hiérarchisée.
Une IA rédactrice donc, mais avec du style et du tranchant. Pas de phrases génériques ou de tournures paresseuses. À terme, cette assistance éditoriale pourrait bien transformer la façon dont on interagit avec l’écrit. Reste à savoir si cette aide ne gommera pas aussi, peu à peu, nos aspérités stylistiques…
Image Playground : générer sans déborder
Là où Midjourney et DALL·E explorent l’imaginaire en esquissant des rêves, Apple Intelligence joue la retenue. Contrairement à ses rivaux, le géant californien n’a pas cherché la démonstration de force. Pas de générateur d’images débridé. Ici, l’IA visuelle reste sous contrôle. L’Image Playground ne propose que trois styles : Animation, Croquis, Illustration, et s’en tient là. Il va droit au but : illustrer une idée, donner forme à une humeur, produire un visuel en quelques secondes. Pas d’images à couper le souffle, mais une génération rapide. L’outil s’intègre dans Messages ou Notes, pour illustrer une idée au fil de l’usage, mais il existe aussi en tant qu’application indépendante.
L’iPad, de son côté, inaugure Image Wand, un outil semi-magique qui transforme vos gribouillages en images stylisées. Vous dessinez une silhouette maladroite ? L’IA en fait un personnage. Vous esquissez un décor ? Elle le structure. Ludique, efficace, presque addictif. Et puis, il y a Genmoji : une fonction capable de créer des emojis ou des personnages à partir d’une description textuelle ou d’un visage. Ce qui donne des visuels uniques, déroutants, parfois même drôles.
Siri 2.0 : une intelligence contextuelle
Il fut un temps où Siri faisait figure d’ancêtre. Un assistant numérique en retard sur tout. L’ombre de Google Assistant et la risée de ChatGPT. Mais cette époque semble révolue, car avec Apple Intelligence, Siri change de peau… et surtout, de cerveau, devenant contextuel. Il est désormais capable de croiser les informations de vos mails, de vos messages, de votre calendrier ou de vos documents.
Un exemple ? Demandez-lui : “Quand est-ce que je pars à Berlin ?” Il trouve la réponse dans votre billet d’avion, planqué dans un mail de confirmation. Une requête comme “Quel document Julie m’a envoyé jeudi dernier ?” le fait plonger dans Messages. Le bon fichier remonte, sans délai. Siri ne se contente plus d’écouter. Il comprend, et il retient. Avec un ton plus fluide, une voix plus naturelle, une mémoire plus agile.
L’assistant devient confident, mais contrairement à d’autres, il promet de ne pas livrer pas vos secrets…
Lorsque ses propres modèles ne suffisent pas, Siri vous propose de passer le relais à ChatGPT, une nouveauté qui a eu du mal à s’implanter en Europe, freinée par la rigueur du RGPD et une méfiance assumée envers les IA américaines bien trop curieuses. Cependant vous êtes prévenu, et rien ne se fait sans votre accord. Si Siri sollicite ChatGPT, c’est parce que vous l’aurez décidé. Et même lorsque vous acceptez, vos données personnelles ne franchissent pas la barrière. Pas d’identifiant, pas d’historique, aucun contenu privé n’est transmis. Seule la requête est envoyée, dans une version anonymisée. Une question neutre, une réponse immédiate, c’est tout. Apple n’intègre pas l’IA d’OpenAI. Elle la convoque en renfort, mais jamais par défaut.
Notifications intelligentes : un algorithme qui trie pour vous...
Apple ne veut pas que vous passiez votre journée à scroller. Et avec les notifications intelligentes, elle le prouve. Désormais, l’IA trie, filtre et priorise pour vous. Les alertes importantes apparaissent en haut. Les résumés synthétiques permettent de savoir, en une ligne, ce qu’il faut lire ou ignorer.
Ce mécanisme, simple en apparence, transforme l’usage. On peut l’ignorer, bien sûr. Laisser les alertes s’empiler, les badges rouges clignoter, les notifications pleuvoir sans filtre. Continuer à vivre dans le bruit. Mais dès qu’on active cette hiérarchie silencieuse, dès qu’Apple Intelligence commence à filtrer l’urgent du superflu, un nouveau rythme s’installe. L’écran verrouillé retrouve une forme de calme, le regard cesse d’être happé par l’inutile et l’attention reprend ses droits. Ce n’est pas spectaculaire, mais c’est redoutablement efficace. Et une fois que l’algorithme a réorganisé le chaos à votre place, revenir à l’anarchie des notifications brutes devient étrangement impensable…
Photos : souvenirs assistés, distractions effacées
Avec Apple Intelligence, l’application Photos mute en un véritable atelier de montage. La recherche par mots-clés est désormais infusée de sens. Tapez “plage au coucher du soleil avec Marie” : l’IA isole les bons clichés. Mieux encore : vous pouvez lui demander de créer un souvenir visuel, avec sélection automatique, bande-son, transitions. Un mini-film prêt à partager.
Et si un élément vous gêne sur une image, un passant, une poubelle, ou même un reflet, l’outil d’effacement magique se charge de le faire disparaître. Le rendu est propre, sans les bavures numériques ni les fonds déformés qu’on voyait encore il y a peu. Apple ne promet pas la retouche parfaite, mais offre un contrôle esthétique clé en main.
Juliette Lamy
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