Agoranov au chevet des technologies les plus audacieuses

Dans la cour d’un immeuble discret du cossu 6ème arrondissement de Paris se trouve une entreprise silencieuse et pourtant actrice de certaines des plus belles pages de la tech française. Vous connaissez Doctolib, Dataiku, Ynsect ou encore Alan… mais le nom d’Agoranov ne vous dit sans doute rien. Cet incubateur a accompagné, entre autres, les levées de fonds de ces projets dont quelques-uns ont abouti à l’avènement de licornes… et qui se sont révélés de très belles réussites économiques. Les startups passées entre les mains d’Agoranov ont ainsi levé plus de deux milliards d’euros en vingt ans. Et c’est dans ces murs qui n’ont l’air de rien que se concentre le soutien dont a besoin n’importe quelle startup envisageant de conquérir son marché.

Agoranov ne suit pas la crête des vagues de l’innovation. Il se concentre sur les projets technologiques de rupture comme les nouvelles sources d’énergie décarbonée, les applications d’intelligence artificielle en santé, les biotechnologies agricoles ou l’industrie quantique. Vous l’avez compris, l’incubateur parisien mise sur les startups deeptech françaises. Françaises car Agoranov aide en priorité les heureux élus, qu’il accompagne à monter des dossiers pour obtenir des financements publics, provenant, notamment de BPIfrance ou de l’Agence nationale de la recherche (ANR). C’est essentiel car ce genre de projet disruptifs nécessitent des besoins financiers qui se chiffrent en millions d’euros dès l’entame.

Un incubateur qui prépare ses pousses au grand saut

Le cœur du job est d’accompagner ses protégés dans les levées de fonds. Les entrepreneurs sont aidés dans la préparation des présentations, la mise en relation avec le réseau d’investisseur de l’incubateur, la mise en réseau avec des acteurs influents de la French Tech, un entraînement aux questions les plus insolites ou originales, bref l’accès à un environnement économique propice au développement. C’est d’autant plus important que les premières levées de fonds sont essentielles pour atteindre le product market fit, franchir la frontière entre la recherche fondamentale et le marché pur et dur.

 

L’une des expertises fournie par Agoranov est la protection de la propriété intellectuelle, un enjeu crucial pour valoriser les innovations de pointe et réduire le risque d’échec des porteurs de projets. Ici, étude de marche ét design des prototypes sont à l’honneur.

Pour poursuivre cette logique d’accompagnement, Agoranov a aussi mis en place le Programme jeunes entrepreneurs en résidence. A l’image de la villa Medici pour les artistes, ce dispositif permet aux chercheurs et doctorants d’initier leur propre projet ou de rejoindre un autre existant. L’idée est de dompter le temps en donnant aux jeunes entrepreneurs le luxe d’expérimenter avant d’entreprendre, le luxe du prototypage avant l’industrialisation.

Symbole d’une stratégie nationale pour la deeptech

Créé en l’an 2000 à l’initiative de grandes écoles et d’organismes de recherche, Agoranov revendique son côté académique, ayant largement connaissance de la dichotomie entre le temps long de la recherche et le temps court du business. L’incubateur sait que certains chercheurs se découvrent une âme d’entrepreneurs mais que d’autres ne franchissent pas le cap et restent dans la recherche académique. Il s’adapte.

Fort de son action, Agoranov reçoit sans discontinuer le soutien de l’État et de la Ville de Paris, et ce n’est pas anodin. Financée par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, par la Région Île-de-France et par la Ville, cette pouponnière reste un outil public assumé, différent des accélérateurs privés. Ici, on ne prend pas de parts dans les startups, on leur donne du temps et des moyens. C’est un choix politique autant qu’économique.

Avec l’objectif fixé par Emmanuel Macron d’atteindre cent licornes françaises d’ici 2030, l’incubateur Agoranov apparaît comme un passage obligé pour une partie de la deeptech nationale. Derrière sa façade discrète, il incarne cette volonté d’indépendance technologique et industrielle, dans un contexte où la souveraineté face aux géants américains et chinois est devenue une priorité stratégique. Même si l’entreprise est discrète, cela se remarque en haut lieu… et pèse lourd dans la balance.

Nom d'auteur Fabrice Mateo
Journaliste spécialisé dans les technologies de l'information et de la communication, Fabrice Mateo a collaboré avec une trentaine de médias, mêlant investigations, enquêtes, interviews et reportages. Photographe et auteur de plusieurs ouvrages sur l'IA et la data, il a publié en septembre 2025 "Le Guide des métiers de l’intelligence artificielle" (L’Étudiant).
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