Quand le vinyle devient objet d’art à part entière

Cristal, marbré, translucide : des textures qui racontent l’objet

Le vinyle en cristal, translucide jusqu’au vertige, se contemple comme un bloc de verre poli. Des séries vinyle marbré translucide, parfois rouge, vert ou blanc dans un jeu de pigments qui se tordent dans la matière, transforment la platine en vitrine. À l’image du tirage ultra-limité de Queen Studio Collection, un coffret de 18 vinyles de couleur, écrin visuel d’orfèvrerie où chaque nuance chromatique célèbre une époque du groupe. Ce coffret a vu sa valeur s’envoler au fil du temps dépassant désormais les 800 euros sur le marché secondaire, accru par une singularité mêlée à la perfection du pressage.

Parmi les éditions qui frappent les yeux autant que les oreilles, l’album « Songs of Surrender » de U2 se décline en double vinyle crystal clear. Une pièce exceptionnelle qui magnifie seize enregistrements imaginés dans un écrin translucide… à la frontière du visible et de l’intangible.

Or et rareté : vers un vinyle bijou, à la frontière de l’art contemporain

Le vinyle pressé sur or relève presque de la performance. Quelques exemplaires seulement (conçus comme des pièces de musée) passent entre les mains de collectionneurs prêts à dépenser une fortune. Certains franchissent le seuil de l’objet-joaillerie, tel que le mythique album « Legend » de Bob Marley, qui a connu une réédition spéciale pressée sur vinyle doré en juin 2024… symbole ultime de la rareté et du respect porté au célèbre artiste reggae.

Le culte de l’édition limitée, entre numérotation et fétichisme de la matière

Objets pour audiophiles ou nouveaux collectionneurs ?

L’industrie du disque a compris qu’un tirage serré crée l’aura. Éditions numérotées, certificats d’authenticité, packaging type gatefold lourd, souvent imprimé à la main… Chaque sortie est un événement ritualisé. Ces disques collectors circulent entre passionnés comme des monnaies parallèles, et des artistes et groupes cultes ne manquent pas d’entretenir ce magnétisme, comme Led Zeppelin avec leur édition limitée « Physical Graffiti » pour les cinquante ans de l’album. En 2019, Patrick Deburaux commissaire-priseur chez Art Richelieu, expliquait auprès de Radio France avoir “vendu un disque plus de 10 000 euros. C’était un 45 tours. Un disque de Syd Barrett, un des premiers chanteurs des Pink Floyd, qui avait été pressé à très peu d’exemplaires.”

Les audiophiles cherchent la pureté du son, le sillon qui respire mieux que le numérique. Les nouveaux acheteurs, eux, viennent parfois du marché de l’art ou du luxe, regardent ces vinyles comme on regarderait un tableau. Le paradoxe, c’est que beaucoup d’exemplaires finissent scellés… et ne sont donc jamais écoutés. Ils demeurent des fétiches que l’on garde pour leur beauté plastifiée bien au-delà de leur promesse sonore.

Tirages limités : combien, comment et où les trouver ?

Souvent restreints à quelques dizaines, parfois à peine quelques centaines d’exemplaires, ces objets jouent la carte de la rareté pour intensifier le désir et la valeur (et bien-sûr, ça marche). L’accès à ces petits trésors s’opère via des boutiques dédiées (Ultra Disc ou VinylCollector Store), des disquaires, spécialisés, des plateformes comme Discogs, des ventes aux enchères, ou directement auprès des artistes lors de précommandes et campagnes exclusives. Et attention car l’achat se joue parfois à la seconde… Quelques clics suffisent pour voir disparaître une série entière. 

Le vinyle ultra-luxe flirte avec la joaillerie et s’invite dans les mises en scène les plus soignées du luxe contemporain (certaines vitrines de concept-stores ressemblent presque à des galeries d’art). Ces disques se pensent comme des héritages, appelés à traverser les générations, parfois même à s’exposer derrière une vitre blindée. Marbre rouge, vert ou blanc, éclat d’un cristal clair, éclisse d’or… la matière prend tout son sens. On collectionne pour toucher un fragment de rareté avec l’impression fugace mais tenace de tenir entre ses mains une parcelle d’irréel. Peut-être est-ce ça, au fond, l’essence ultime du luxe.

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Nom d'auteur Mouchka Sellam
Fine connaisseuse des adresses les plus prestigieuses de Paris, Moucha Sellam explore depuis plus de 10 ans les adresses les palaces, spas ultra luxe, tables étoilées et lieux confidentiels. C’est au service des lecteurs The New Siècle qu’elle partage sa vision exigeante et sincère de l’univers du luxe sensoriel. Toujours à l’avant-garde, elle teste, enquête puis raconte à travers des rédactions immersives.
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