
Bpifrance vs les géants étrangers : qui mène vraiment la danse ?
La banque publique d’investissement française fait face à une féroce concurrence avec les mastodontes internationaux. Comment peut-elle tenir la cadence alors que la compétition mondiale pour le financement de l’innovation s’intensifie ? Comparons-la avec ses homologues étrangers, la KfW allemande et la China Development Bank en tête, afin de cerner les forces et les limites de la stratégie française. Zoom sur une guerre financière aux conséquences durables pour les start-up et la souveraineté économique nationale.
Zoom sur les géants étrangers : quelles banques publiques dominent à l’international ?
Les modèles forts à l’étranger
La plus puissante est sans conteste la China Development Bank (CDB), bras armé financier du gouvernement chinois. Ses financements massifs sont essentiellement dédiés aux infrastructures, à l’innovation et à la politique industrielle mondiale. Son actif atteint des sommets : RMB 18,65 billions, soit environ 2 600 milliards € à fin 2023. Et son encours de prêts la même année est annoncé à 3,08 trillions de RMB, soit 391 milliards d’euros.
Vient ensuite la KfW allemande, LE poids-lourd européen. Elle présente un bilan de plus de 500 milliards d’euros et a distribué 111,3 milliards en 2023. La KfW soutient en majorité les projets de transition énergétique et les initiatives stratégiques à l’international.
Aux États-Unis, la Small Business Administration (SBA) n’intervient pas en tant que banquier direct, mais comme garante de crédit pour les PME. Les données consolidées du bilan ne sont pas publiées, mais l’on sait que son volume de prêts garantis s’élevait à 56 Md $ en 2023.
Enfin, la British Business Bank (BBB), se focalise sur l’investissement privé et l’accès au financement des PME. Sa capacité totale est évaluée à £25,6 milliards, soit environ 30 milliards d’euros (chiffres juin 25).
Comparaison des moyens financiers et stratégies d’investissement
Une question d’échelle et de levier
Avec 52 milliards d’euros d’intervention en 2023, Bpifrance joue un rôle important à l’échelle internationale. Mais si elle devance son concurrent britannique, elle reste loin derrière l’Allemagne et la Chine. Une des raisons à cela est que contrairement à la KfW qui lève directement sur les marchés, Bpifrance est adossée à la Banque des Territoires et à l’État, ce qui limite son levier financier.
Une approche intégrée et proche du terrain
Bpifrance propose une offre unifiée, alliant financement en dette, garanties, capital-risque, soutien à l’export et accompagnement stratégique. Elle se distingue par sa capacité à structurer des dispositifs très ciblés (French Tech Seed, Fonds SPI, Fonds Tibi) ou encore des accélérateurs sectoriels (industrie, santé, climat).
Cette logique de proximité séduit. En 2023, ce sont 7 500 start-ups qui ont été accompagnées par Bpifrance. Ses actions en faveur de la deeptech et de la transition écologique (20 milliards investis depuis 2020) en fait un acteur de premier plan de la transformation économique française.
Bpifrance face à la concurrence : atouts et limites
Une agilité saluée, un rayonnement perfectible
Bpifrance bénéficie d’une bonne image dans le monde des affaires où on salue son agilité. Sa réactivité au moment de la crise du Covid par exemple ou face au choc d’inflation a encore renforcé sa crédibilité. De plus, son ancrage territorial profond reste un facteur différenciant, à l’opposé des logiques plus centralisées de ses concurrentes.
Mais à l’échelle mondiale, son rayonnement est encore limité. Contrairement à la CDB ou à la KfW, elle ne finance pas de grands projets structurants à l’étranger. Son rayon d’action est avant tout national, bien qu’elle initie des partenariats européens et soutienne l’internationalisation des PME.
Une innovation structurelle
Là où Bpifrance excelle, c’est dans sa capacité à anticiper les besoins d’investissement futur. Elle a été, et reste, une des premières sur les sujets chauds de deeptech, climat ou souveraineté numérique. Sa force réside dans sa compétence à hybrider financement public et capitaux privés, comme en témoignent les fonds Tibi ou le French Tech Souveraineté.
En cela, elle agit moins comme un simple financeur que comme un stratège du capital patient.
Conclusion : qui mène vraiment la danse ?
Les géants comme la KfW ou la China Development Bank conservent l’avantage en termes de puissance financière et d’influence internationale. Mais Bpifrance oppose à cette force brute une proximité unique avec les écosystèmes et une dynamique d’innovation publique à nulle autre pareille.
Pour progresser et rivaliser sérieusement, elle devra accroître ses moyens propres et renforcer son ancrage européen. Les logiques de puissance ne sont pas toutes. Bpifrance peut faire la différence en continuant à fédérer autour d’une vision économique globale et pérenne.

Les + vues
Inscrivez-vous !
INSCRIVEZ-VOUS À
NOTRE NEWSLETTER !
Renseignez votre adresse mail
pour recevoir nos nouveautés
et rester informé de nos actualités.
Top Mots Clés :
Laisser un commentaire