
Silver Economy : 5 start-up françaises qui transforment la vieillesse
La France vieillit, mais elle innove. Nul oxymore ici, car tandis que les plus de 60 ans représenteront bientôt un tiers de la population, un nouvel écosystème émerge pour répondre à ce défi : la Silver Economy. Ce secteur en pleine expansion attire des start-up ambitieuses, qui conjuguent technologies de pointe et impact social. Santé connectée, autonomie à domicile, lien social, habitat intelligent : voici cinq jeunes pousses françaises qui redéfinissent la vieillesse, entre innovation responsable et croissance soutenable.
Un marché en mutation, des besoins croissants
La Silver Economy ne relève plus du concept. Avec plus de 20 millions de seniors d’ici à 2030, dont une part significative en situation de dépendance, la France voit émerger une demande massive de solutions adaptées. Le vieillissement n’est plus seulement un enjeu médical, mais un levier de transformation économique, sociale et technologique.
Face à cette dynamique, les start-up se positionnent comme des catalyseurs d’innovation pour les seniors, proposant des services innovants pour les seniors fondés sur l’autonomie, le maintien à domicile, et l’usage intelligent de la technologie pour personnes âgées. Ce mouvement, encore jeune, dessine les contours d’une économie du bien vieillir, structurée et créative.
1. Alogia Groupe – Prévenir plutôt que guérir
Fondée à Bordeaux il y a plus de 10 ans, Alogia est une pionnière dans l’accompagnement de l’autonomie à domicile. La société a conçu une plateforme numérique, Alogia Care, qui permet d’évaluer les risques de perte d’autonomie grâce à des questionnaires intelligents, notamment un malin DPA (Diagnostic de perte d’autonomie), couplés à des algorithmes prédictifs.
Ses services s’adressent aux particuliers, mais aussi aux bailleurs sociaux, mutuelles ou collectivités locales, dans une logique co-constructive. Cela afin d’allonger la durée de vie en autonomie, tout en évitant des hospitalisations coûteuses. Complément de la grille GIR, destinée à attribuer des aides publiques en fonction du niveau de dépendance, la solution d’Alogia se positionne en amont, comme un outil de prévention et d’action, capable de personnaliser les parcours et d’activer des solutions concrètes pour favoriser le maintien à domicile.
Début 2024, Alogia a levé 6,5 millions d’euros pour accélérer son déploiement national. Un pari stratégique dans un pays où plus de 85 % des seniors déclarent vouloir vieillir chez eux.
2. Groopiz – Voyager, découvrir et créer du lien après 50 ans
Parce que le vieillissement actif signifie rester en mouvement quelque soit son âge, Groopiz propose une plateforme communautaire dédiée aux seniors de plus de 50 ans. Entre réseau social et agence de loisirs, cette start-up française organise des sorties et séjours collectifs adaptés au rythme et aux envies des jeunes retraités.
Un bon moyen de faciliter les découvertes culturelles et touristiques tout en renforçant le lien social entre les membres. L’inscription est gratuite et les utilisateurs peuvent se joindre à des événements près de chez eux, rencontrer des pairs, et rompre l’isolement.
Groopiz incarne ainsi une autre forme d’innovation dans la silver economy : celle du partage d’expériences, de l’autonomie sociale et de la convivialité retrouvée.
3. Technis – Le sol qui veille sur vous
Issue de l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL), Technis a développé des capteurs intégrés aux revêtements de sol, capables de détecter les chutes, les déplacements anormaux ou les périodes d’inactivité. Ces données sont transmises en temps réel aux aidants ou aux professionnels de santé, dans une logique de prévention proactive.
Pensée à l’origine pour la gestion intelligente des espaces (commerces, bureaux, musées), la solution a été déclinée pour répondre aux besoins des établissements médico-sociaux et des logements seniors. Une division dédiée permet d’adapter la technologie aux spécificités du maintien à domicile ou des résidences médicalisées, avec une attention portée à l’autonomie des usagers et à la réduction des risques, en toute discrétion.
L’approche de Technis est en effet non intrusive puisque les dispositifs sont invisibles, s’intègrent aisément dans des logements existants et ne nécessitent aucun port d’équipement.
4. Familink – Le lien social en un clic
Lancée à Rouen en 2016, Familink part d’un constat simple : de trop nombreux seniors restent en marge du numérique. Pour y remédier, la start-up a conçu un cadre photo connecté, équipé d’une carte SIM, qui permet aux familles ou aux proches d’envoyer messages et photos à distance sans que le bénéficiaire ait besoin de faire la moindre manipulation.
Plus de 40 000 foyers l’utilisent déjà, soit environ 200 000 personnes connectées en temps réel grâce à la technologie 4G/WiFi. Ce service, à la fois simple et porteur de sens, agit comme un rempart contre l’isolement et renforce le lien social.
5. PapyHappy – La proptech qui facilite l’accès au logement senior
Créée en 2016 à Auxerre, PapyHappy est une start-up française qui veut simplifier la recherche de logement pour les personnes âgées en se positionnant comme un tiers de confiance entre les familles, les seniors et les établissements spécialisés.
Via une plateforme intuitive, PapyHappy permet de comparer des milliers de structures d’accueil partout en France : résidences services, EHPAD, foyers-logement, logements intermédiaires. L’interface fournit des avis utilisateurs, des visites virtuelles et des accompagnements personnalisés pour mieux orienter les choix.
Sa particularité réside dans son modèle hybride : proptech B2C pour les particuliers et B2B pour les collectivités, bailleurs et mutuelles. Soutenue par Bpifrance et Groupama, la start-up a levé 1,5 million d’euros dès 2019 pour accélérer son développement.
Un secteur en quête de modèles durables
Au-delà de ces cinq exemples, c’est toute une filière qui s’organise. La silver economy ne se limite pas à des initiatives isolées, elle appelle une structuration ambitieuse, un soutien public ciblé, et des financements à la hauteur des enjeux démographiques et sociaux.
Des réseaux spécialisés jouent un rôle central dans cette montée en puissance.
- Silver Valley, écosystème basé en Île-de-France, fédère plus de 200 acteurs (start-up, collectivités, chercheurs) autour de l’innovation pour les seniors, avec des dispositifs d’expérimentation comme son Open Lab et son programme Scale-Up Lab®.
- Silver Alliance regroupe des entreprises engagées autour de la qualité de vie des personnes âgées, en facilitant le développement commercial et l’accès aux financements.
- Eurasenior, incubateur basé à Arras, accompagne les jeunes pousses de la Silver Economy dans des secteurs aussi divers que la santé, l’habitat ou la mobilité.
Ces structures facilitent la mise en réseau, le test des solutions en conditions réelles, et l’accélération des projets prometteurs qui partagent des caractéristiques communes :
➢ une approche centrée sur l’usage réel, conçue avec et pour les seniors ;
➢ une articulation entre modèles B2C et B2B, avec un ancrage territorial fort ;
➢ une capacité à démontrer un impact social mesurable, au-delà de la seule croissance financière.
Le potentiel est là. Reste à lui donner les moyens d’un passage à l’échelle structuré, soutenu par un cadre politique et économique à la hauteur des ambitions du marché de la silver economy en France.
La vieillesse comme laboratoire d’innovation
La silver economy est devenue un enjeu civilisationnel qui se résumerait à une question : comment vivre plus longtemps, mieux, sans dépendre exclusivement de systèmes publics en tension ?
Les start-up françaises s’en emparent avec talent en apportant des réponses concrètes et accessibles aux défis de la longévité. En investissant la santé, l’autonomie, l’habitat ou le lien social, elles redonnent du sens à l’innovation, au service de l’humain.

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