
Exosquelettes au travail, la révolution silencieuse des métiers physiques
Sortis tout droit des laboratoires militaires qui cherchent constamment à mieux équiper leurs soldats, les exosquelettes facilitent aussi la vie des travailleurs aux métiers physiques. Annoncent-ils une nouvelle ère du travail, l’aube du futur d’un travail assisté ? Si l’évolution est réelle dans les entreprises, qui petit à petit, s’accaparent cette technologie, elle se révèle lente et silencieuse. The New Siècle s’interroge sur ce glissement progressif encore peu visible, où l’humain repense sa performance à l’appui de la machine.
Exosquelettes, quand la technologie s’invite dans le corps humain
Inspirés de la nature, où insectes, crustacés et autres arthropodes portent leur squelette à l’extérieur du corps, les exosquelettes traduisent cette même idée de protection et de soutien. Pensée d’abord pour les armées, cette armure mécanique ou motorisée devait accroître la force et l’endurance des soldats du futur. Aujourd’hui, cette innovation issue des laboratoires militaires trouve un nouvel écho dans le monde civil.
De la défense à la santé, l’exosquelette a changé de mission : il ne s’agit plus de combattre, mais de préserver. À Maubeuge, vingt-cinq Nordistes atteints de sclérose en plaques testent un modèle capable de compenser la faiblesse musculaire. À Anduze dans le Gard, Hapo, développé par le groupe ErgoSanté, vise à réduire la fatigue dorsale des professionnels. À l’hôpital de Forcilles, en Seine-et-Marne, deux dispositifs accompagnent désormais la rééducation post-réanimation respiratoire.
Qu’ils soient passifs (purement mécaniques et plus légers) ou actifs (motorisés et plus puissants), ce type de produits innovants traduit une même ambition, celle d’alléger la charge physique, prévenir les troubles musculosquelettiques et repenser la relation entre le corps et l’effort. Lentement mais sûrement, la technologie s’intègre au geste humain, comme une extension discrète du mouvement naturel.
Les métiers où l’exosquelette devient un allié essentiel
Dès lors, les exosquelettes investissent patiemment les métiers de la logistique, du BTP, de l’industrie automobile, de la santé ou de la manutention. Par exemple, la start-up française HMT France a déjà déployé plus de 1 600 exosquelettes sur le terrain pour la manutention, le port de charges, les gestes répétitifs et les travaux en posture contraignante de manière générale. En France, la RATP, Enedis, la SNCF, Alstom ou encore le département de la Côte-d’Or utilisent déjà cet outil, parfois combiné à la réalité virtuelle, pour soulager leurs employés.
Un rapport de France Supply Chain indique que dans le secteur transport/logistique, près de 70 % des arrêts de travail sont liés aux troubles musculosquelettiques, et que l’exosquelette y apparaît comme une solution prometteuse, même si son intégration reste encore lente… Maintien de la posture, prévention des blessures et allongement de la carrière sont parmi les conséquences de l’utilisation des exosquelettes. Des fabricants français comme Hapo, marque du groupe ErgoSanté, conçoivent des modèles destinés aux métiers physiques, capables de réduire la pression sur le dos et les épaules tout en améliorant la posture lors du port de charges lourdes.
Il faut toutefois souligner que l’état des connaissances reste prudent : plusieurs études montrent des réductions de sollicitation musculaire allant de 10 % à 60 % selon les tâches, mais aussi des défis liés à l’ergonomie, à l’adaptation et aux conditions réelles de travail. Cette technologie d’assistance physique permettrait ainsi de prolonger la carrière des travailleurs en charge de travaux pénibles et également dans les nouveaux métiers. C’est un argument à prendre en compte en plein débat sur l’allongement des retraites si cette technologie sort véritablement du bois et se développe dans les différents secteurs précités. Les travaux pénibles ne seront peut-être pas aussi pénibles à l’avenir.
Les entreprises qui façonnent le futur du travail assisté
Cet outil d’assistance technologique de l’Homme illustre aussi sa complémentarité avec la machine. On se glose à l’heure de l’intelligence artificielle à imaginer les métiers voués à disparaître, on peut aussi, avec les exosquelettes, imaginer ceux qui vont se retrouver renforcés par la révolution technologique. Avec toutefois, un risque pour les travailleurs, celui de se voir contraint à travailler plus en raison d’une pénibilité moindre.
La révolution des métiers physiques est certes silencieuse, mais elle n’en est pas moins réelle. Déjà Exhauss, Japet, Hilti, Ottobock, Hyundai, Comau ou Laevo sont quelques-unes des entreprises qui ont investi le secteur. L’on peut aussi réfléchir sur cette hybridation entre l’homme et la machine dans le monde du travail. Les métiers intellectuels sont menacés par le développement de l’intelligence artificielle, les métiers à la personne s’en sortent renforcés, les métiers pénibles et physiques sont, eux, à la croisée des chemins, menacés par la robotique et la cobotique, mais potentiellement facilités par ces futurs indispensables exosquelettes.
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