
Interview : William Berdugo – Co-fondateur EDA-RH
Formé à la finance à l’Université Panthéon-Assas, William Berdugo débute dans l’univers codifié de la banque. Très vite, il choisit d’ancrer son travail dans la transmission pédagogique, allant des marchés vers les usages. En 2017, il cofonde Iron-Algo, une fintech spécialisée dans l’automatisation des contraintes réglementaires. Il lance un an après Mill-Forma, un organisme de formation sur-mesure destiné aux entreprises. Quelques années plus tard, il crée Zecoworking, un espace de coworking, avant de co-fonder EDA-RH en 2023, une école entièrement dédiée aux métiers des ressources humaines. Une initiative qui répond à un enjeu crucial : combler le fossé existant entre le système éducatif et les besoins concrets du marché du travail.
Dans cet entretien exclusif, The New Siècle a interrogé William Berdugo sur les fondements d’un parcours jalonné de projets, les raisons qui l’ont conduit à créer initiative entrepreneuriale dans le champ des ressources humaines, et la place stratégique qu’il entend donner à EDA-RH dans le paysage éducatif.
I. Repenser l'école
Vous imposez un rythme inhabituel : une journée de cours seulement, contre quatre en entreprise.
1 – Qu’est-ce que ce ratio change concrètement dans la formation d’un futur professionnel RH ?
« Ce rythme a été pensé avant tout pour maximiser l’employabilité de nos étudiants. En proposant une seule journée de cours par semaine, nous facilitons considérablement l’intégration en entreprise. Pour un recruteur, accueillir un alternant quatre jours sur cinq est bien plus simple à organiser, et surtout plus rentable. Résultat : nos candidats trouvent plus facilement une entreprise d’accueil.
Mais au-delà de la logistique, ce modèle permet aussi un vrai ancrage professionnel. En étant présents quasiment à temps plein dans leur structure, nos étudiants montent beaucoup plus vite en compétence, deviennent de véritables membres de l’équipe, et comprennent réellement les dynamiques du métier.
D’un point de vue pédagogique, ce rythme demande évidemment une grande rigueur dans la conception des contenus. Nous concentrons les enseignements, et organisons régulièrement des semaines pleines de cours tous les deux mois pour approfondir certaines thématiques. Cela crée une alternance efficace entre pratique et théorie, et surtout, cela maintient une vraie dynamique d’apprentissage. » – William Berdugo
Vous avez fait le choix de créer vos propres contenus de formation, à travers une plateforme.
2 – Quel est l’avantage concret pour vos étudiants ?
« Nous avons fait un choix fort : celui de ne pas faire de e-learning au sens classique du terme, c’est-à-dire de l’apprentissage asynchrone, où l’étudiant se retrouve seul face à des vidéos préenregistrées. Chez nous, chaque session est animée en direct, en présentiel ou en téléprésentiel si besoin. Notre plateforme nous sert uniquement à structurer les contenus, pas à remplacer le formateur.
C’est une attente des étudiants, mais aussi une question d’exigence pédagogique. Aujourd’hui, trop de formations se cachent derrière des plateformes sans réel accompagnement humain. C’est un contresens éducatif, et parfois même une forme de tromperie. Cela n’arrive que dans des cas exceptionnels, grèves, perturbations majeures, mais même là, l’accompagnement reste total. » – William Berdugo
Vous ne vous contentez pas de transmettre des candidatures aux entreprises : vous accompagnez les étudiants dans leur recherche, tout en filtrant certains profils vers vos partenaires.
3 – Quels critères privilégiez-vous dans cette sélection ?
« En réalité, 85 % de nos étudiants trouvent leur alternance par eux-mêmes. Mais ils bénéficient d’un accompagnement solide, avec des sessions de coaching intensives sur le CV, la posture en entretien, et surtout une méthode concrète pour décrocher des rendez-vous. Ce sont des outils qu’ils utilisent ensuite pour aller chercher, en autonomie, leur futur employeur.
Pour les 15 % qui ont besoin d’un coup de pouce, nous intervenons en activant notre réseau d’entreprises partenaires. Mais là encore, nous ne jouons pas le rôle de simple boîte aux lettres. Nous préparons les profils que nous présentons, et nous le faisons avec soin.
À ce stade, ce ne sont plus les bulletins qui font la différence, mais le projet, la posture, la motivation. Ce que nous regardons avant tout, c’est l’alignement entre la formation et le projet professionnel du candidat. Un étudiant qui sait pourquoi il est là, qui a un cap, sera un alternant engagé et un futur professionnel crédible. Et ça, les entreprises le perçoivent immédiatement. » – William Berdugo
L’intelligence artificielle s’invite dans tous les processus RH, de la sélection à l’onboarding.
4 – De quelle(s) façon(s) préparez-vous vos étudiants à l’usage de ces outils, sans les transformer en exécutants d’algorithmes ?
« L’IA bouleverse les pratiques RH, c’est un fait. Mais notre position est claire : ces outils ne doivent jamais remplacer le discernement humain, ils doivent l’enrichir.
Nous apprenons à nos étudiants à utiliser l’IA comme un levier, pas comme une béquille. Il est essentiel qu’ils comprennent les logiques derrière les algorithmes qu’ils manipulent : pourquoi un outil classe un candidat de telle manière, sur quels critères, avec quels biais potentiels. C’est ce regard critique qui fera d’eux des professionnels responsables et pertinents.
En parallèle, nous mettons l’accent sur les compétences que l’IA ne peut pas remplacer : l’écoute, le jugement, la capacité à créer du lien, à gérer des situations complexes, humaines, parfois ambivalentes. C’est cette hybridation entre outil et intelligence émotionnelle qui fait la différence. Former à l’IA, ce n’est pas apprendre à cliquer sur un bouton. C’est apprendre à décider, en conscience, avec les bons outils à portée de main. » – William Berdugo
II. De l’école à l’emploi
Implanter l’école à Courbevoie, à deux pas de La Défense, n’est pas un hasard.
5 – En quoi cette localisation, au cœur du premier quartier d’affaires européen, influence-t-il votre pédagogie ?
« Nous sommes installés aux portes du plus grand quartier d’affaires d’Europe. Cette proximité crée une dynamique unique : nos étudiants sont au cœur des enjeux RH actuels, et nos intervenants, tous professionnels en activité, peuvent venir facilement. » – William Berdugo
6 – Depuis l’ouverture, quel retour du terrain vous a vraiment confirmé que l’école tenait quelque chose de juste, et pas simplement utile ?
« Deux signaux très clairs : d’abord, le taux de reconduction entre le bac+3 et le bac+5 atteint 95 %, ce qui montre que les étudiants adhèrent pleinement à notre pédagogie. Ensuite, notre taux de cooptation est exceptionnel : les élèves recommandent l’école à leurs proches, à leurs collègues. Et quand on lit les avis Google, on comprend vite que l’équipe d’EDA est perçue comme engagée, disponible et passionnée. C’est ce lien humain qui fait la différence. » – William Berdugo
The New Siècle remercie William Berdugo pour avoir réalisé cette interview et ainsi livrer sa vision et son expérience à nos lecteurs.

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