Et si le générique était le vrai personnage principal

Drôle d’époque, vraiment. Vous lancez une série pour suivre une histoire, et c’est le générique qui vous reste en tête. La minute trente du début, que vous passiez jadis sans y prêter attention, est devenue une séquence culte à part entière, et même, une véritable vitrine d’influence. HBO l’a compris avant tout le monde : chaque générique est conçu comme un édito mode. Cadres léchés et looks affirmés… plus qu’une intro, c’est un statement.

On ne compte plus les looks inspirés par Zendaya ou le tailoring froid à la Kendall Roy, personnage de la série Succession. Ce que l’on prend pour des tendances spontanées vient souvent de là. D’une poignée d’images qui dessinent une attitude et transmettent un style sans le nommer. C’est précisément ce qui fonctionne. Le spectateur absorbe tout sans s’en rendre compte. Un vêtement, un maquillage, une allure, un comportement… Ce langage visuel glisse dans l’œil et ressurgit dans une vidéo TikTok ou une campagne mode. Le générique inocule désormais une identité bien singulière.

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© A24 Television

Euphoria a réinventé le cool pour une génération entière

Le créateur, scénariste, réalisateur et producteur principal de la série Euphoria, Sam Levinson, a visé dans le mille. Son générique flashy aux néons violets et aux paillettes partout a créé un style que personne n’avait vu auparavant. Cette esthétique séries HBO a littéralement explosé sur les réseaux sociaux, notamment Tik Tok.

Les jeunes ont adopté ce style vestimentaire telle une nouvelle religion. Fini le naturel, place aux maquillages arc-en-ciel, aux crop tops métallisés et aux jupes plissées portées avec des Dr Martens. Une aubaine pour les marques de cosmétiques, qui se sont jetées sur le filon avec leurs palettes « Euphoria vibes » et leurs faux cils XXL.

Difficile de passer à côté de ce look ultra-travaillé, qui s’est imposé au sein de la Gen Z comme une référence. Les strass sont devenus réflexe, les highlighters quasi uniformes. En quelques saisons, Euphoria n’a pas seulement changé la grammaire visuelle des séries, elle a installé un mode d’emploi stylistique. Un style né de l’écran, adopté comme une évidence pour toute une génération.

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© Jesse Armstrong

Succession a remis le luxe froid au goût du jour

Succession, c’est l’anti-Euphoria. Le générique sent l’argent et le pouvoir à plein nez, mais sans le côté “bling-bling”. Tout est dans la retenue, le « quiet luxury » comme disent les magazines. Cette esthétique séries a réveillé une fascination pour ce que l’on appelle le “old money style” : vêtements sobres et élégants, décors luxueux mais jamais ostentatoires.

Les costumes de la série ont d’ailleurs relancé la mode du tailleur parfait et de la chemise impeccable. Le personnage Logan Roy ne porte que du sur-mesure discret et ses fils arborent des montres qui coûtent plus cher qu’un appartement. Une approche du branding audiovisuel qui a influencé toute l’industrie du luxe.

Résultat, le look à la Succession est devenu LA tendance mode des cadres supérieurs et des influenceurs qui veulent jouer dans la cour des grands. Blazers oversized, pantalons droits, mocassins italiens… L’idée est de paraître riche, sans en faire trop. Loro Piana, Brunello Cucinelli… ces maisons ont vu leur désirabilité grimper à mesure que la série imposait son esthétique du pouvoir feutré.

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© HBO Entertainment

The Idol ne raconte pas grand-chose mais le générique est sublime

Certes, The Idol a concentré les critiques, parfois virulentes. Mais son générique, lui, continue d’imposer son empreinte. Véritable manifeste visuel, il mêle références pop et esthétique haute couture dans une mise en scène ultra-codifiée. Chaque plan évoque une campagne de parfum de luxe : glacée et hypnotique. Un objet de pure mise en image, où la forme l’emporte haut la main sur le fond.

Cette esthétique luxe a marqué les esprits malgré l’échec de la série. Les looks jouent sur la transparence, les matières nobles et les coupes architecturales. Bien loin du bling-bling tape-à-l’œil, la série The Idol mise sur une esthétique de la sophistication froide, où chaque image frôle la mise en scène publicitaire.

Les créateurs de mode se sont inspirés de cette approche pour leurs collections. Sensualité chic et décadence assumée ont trouvé leur public chez les jeunes adultes qui veulent du glamour sans tomber dans le vulgaire. Le générique de série est alors devenu un laboratoire d’expérimentation pour les directeurs artistiques.

Les séries et tendances mode évoluent ensemble maintenant. Ces génériques cultes prouvent que l’on ne regarde plus seulement une histoire, on adopte un style de vie. L’influence mode de ces courtes séquences dépasse largement le cadre du divertissement, et façonnent la culture visuelle. Les spectateurs deviennent des clients potentiels dès les premières images. Le générique n’annonce plus seulement un épisode mais il vient nous vendre une identité. Et manifestement, cela fait vendre.

Photo de couverture : © HBO Entertainment

Nom d'auteur Jeanne Ducreau
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